Il reconnaît qu'il est «responsable d'une partie» des «problèmes qui se sont accumulés depuis 30 ans» mais exclut de démissionner : pour la troisième semaine de contestation au Chili, le président Piñera s'est dit ouvert à la discussion et n'écarte pas une réforme de la Constitution. Des milliers de personnes se sont rassemblées mardi dans la capitale, et dans les villes de Concepcion (sud) et de Vina del Mar, à une centaine de kilomètres de Santiago. Deux étudiantes ont été légèrement blessées à Santiago par des tirs de la police, qui intervenait dans un lycée public. Cible de nombreuses critiques, le chef de l'Etat, qui gardait le silence depuis plusieurs jours, a balayé l'éventualité d'une démission, que réclament de nombreux opposants. «J'irai jusqu'à la fin de mon mandat. J'ai été élu démocratiquement, par une large majorité de Chiliens, j'ai un devoir et un engagement envers mes électeurs et envers tous les Chiliens», a affirmé Sebastian Piñera sur la BBC. Après avoir commencé par réprimer la crise sociale, décrétant l'état d'urgence, faisant appel aux militaires et instaurant un couvre-feu, le président s'est dit mardi pour la première fois ouvert au dialogue. Les manifestations quotidiennes ont été émaillées d'échauffourées, de pillages et d'accusations de violences policières. «Nous sommes disposés à discuter de tous les sujets, y compris une réforme de la Constitution», a-t-il déclaré après plusieurs jours sans annonce, un fait inhabituel pour ce dirigeant hyperactif et omniprésent. Approuvée en 1980 lors d'un référendum polémique sous la dictature, la Constitution a été rédigée pour garantir au régime d'Augusto Pinochet et aux partis conservateurs de conserver leur pouvoir, même une fois la dictature terminée en 1990. Mardi, le président, ancien hommes d'affaires milliardaire, a annoncé une série de mesures pour les petites et moyennes entreprises affectées par la crise. Les 6.800 entreprises concernées par les destructions, pillages et incendies depuis le début de la crise, devront bénéficier d'aides financières, d'assouplissements dans les paiements et de réductions d'impôts. Le président Piñera a dû annuler le sommet de l'Apec (forum de coopération économique Asie-Pacifique) prévu à Santiago les 16 et 17 novembre, et de la conférence de l'ONU sur le climat COP 25, prévue en décembre. Ces deux événements auraient dû permettre au Chili et à son président de briller sur la scène internationale. Nouvel accroc mardi: la Conmebol a annoncé le déplacement à Lima au Pérou de la finale de la Copa Libertadores de football, initialement prévue le 23 novembre à Santiago entre River Plate et Flamengo. Sebastian Piñera, qui a dégringolé dans les sondages et affiche la popularité la plus basse depuis le retour de la démocratie en 1990, a concédé des erreurs et formulé des éléments d'autocritique. «Nous n'avons pas écouté avec suffisamment d'attention, nous n'avons pas compris clairement le message. Et ceci n'est pas une critique dirigée uniquement envers le gouvernement», a-t-il expliqué, parlant de «problèmes accumulés ces 30 dernières années». «J'assume ma responsabilité, mais je ne suis pas le seul», a-t-il ajouté, précisant qu'il pensait «augmenter les ressources» financières et «améliorer la qualité des politiques sociales». Lundi, les rassemblements en divers endroits de Santiago et d'autres villes, comme Valparaiso et Viña del Mar, ont donné lieu à de violentes altercations entre manifestants et forces de l'ordre.