Le président du Chili Sebastian Piera a écarté l'éventualité d'une démission et s'est dit ouvert à une réforme de la Constitution et au dialogue en cette troisième semaine de contestation dans son pays. Dix-huit jours après le début d'une fronde sociale inédite qui a fait 20 morts dans ce pays considéré jusqu'à récemment comme un des plus stables d'Amérique latine, la mobilisation ne faiblit pas. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus lundi dans les rues, donnant lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre. Mardi, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées sur la Plaza Italia, dans la capitale, selon la municipalité de Santiago, où de légers incidents ont été rapportés. La veille lundi, les rassemblements en divers endroits de Santiago et d'autres villes, comme Valparaiso et Via del Mar, ont donné lieu à de violentes altercations entre manifestants et forces de l'ordre. La crise sociale a commencé le 18 octobre après l'annonce d'une augmentation du ticket de métro, qui a été depuis annulée sans faire retomber la colère populaire. Approuvée en 1980 lors d'un référendum , la Constitution a permis aux partis conservateurs de conserver leur pouvoir, même une fois la dictature terminée en 1990. Mardi, le président Piera, ancien hommes d'affaires, qui peine encore à calmer la colère de son peuple, a annoncé une série de mesures pour les PME affectées par la crise. Les 6.800 entreprises concernées par les destructions, pillages et incendies depuis le début de la crise, devront bénéficier d'aides financières, d'assouplissements dans les paiements et de réductions d'impôts. La crise a également affecté le peso qui a perdu mardi 1,8% - à 749 pesos pour un dollar - sa plus faible valeur depuis 2003, et les analystes estiment qu'il pourrait encore baisser. Selon un sondage de l'institut Criteria, 79% des Chiliens pensent en revanche que les manifestations "auront des conséquences positives". Le président Piera avait dû annoncer mercredi l'annulation du sommet de l'Apec (forum de coopération économique Asie-Pacifique) qui devait se tenir à Santiago les 16 et 17 novembre, et de la conférence de l'ONU sur le climat COP 25, également prévue dans la capitale en décembre.