Au quatrième mois de son installation, Belgacem Zeghmati est un ministre de la Justice bien dans sa peau. Il ne s'est pas égaré dans les dédales qu'il connait très bien. Ce n'est certes pas un audacieux journaliste, un bon médecin ou un excellent menuisier à qui on a confié la magistrature. Il a toujours été un magistrat, le plus clair de sa carrière, un magistrat « debout » i.e. Un représentant du ministère public. Donc, quand il s'exprime, il le fait avec la casquette de procureur général. Les mots, le vocabulaire, la gestuelle, la détermination s'ajoutent à l'intonation précise d'un magistrat responsable de ce qu'il dit avec force. Sa mémoire d'éléphant lui permet de raconter avec une facilité déconcertante, des anecdotes significatives. Et lorsqu'il parle, on a la nette impression qu'il s'adresse avant tout à ses pairs, les magistrats. Les magistrats dont la majorité est formée de jeunes loups aux dents longues, qui ne sont pas tout de même des magistrats formés à l'Ecole, convenablement. « Cinq cents magistrats formés en trois ans ? C'est de l'utopie ! », a déclaré récemment le ministre de la Justice qui a martelé « qu'un magistrat est un tout ! », a lancé, sûr de ses propos, Zeghmati qui a enfoncé le clou en articulant qu'un magistrat doit tout savoir et maîtriser : le statut personnel, le foncier, le pénal, le civil, le commercial et le droit maritime, le social et le référé. Ce qui s'est passé ces dernières années, relève du cauchemar. On a pris des jeunes recrutés sur un niveau bas et des bases peu sûres, organisé des pseudo-concours, pris des éléments souvent médiocres pour ne pas écrire nuls, et envoyés à l'Ecole nationale de la magistrature. On a assisté en 2014, à l'ire noire du ministre de la Justice de l'époque, qui a dû s'élever contre l'admission à l'ENM, de cet élément inapte au milieu d'élèves méritants, avec la ridicule et salissante moyenne de 7,25/20 !!! Et pour faire taire définitivement le responsable, il lui a été soufflé le fait que c'était là une recommandation des plus hautes autorités du pays qui étaient pour, pour une raison évidente celle « d'arriver au chiffre rond du recrutement—-peu importait la qualité—- ». Et pour faire une juste appréciation, les responsables de l'époque durent recourir au bricolage, i.e., faire en sorte, soit que cet élève se renforce durant sa scolarité, soit, s'il reste en l'état, l'envoyer partout sauf rendre justice « sur le siège. » Il ne saurait pas le faire !