Les greffiers de la cour d'Alger ont entamé dans leur plus grande majorité, une grève de zèle pour protester contre le renvoi de certains collègues arrivés en retard au boulot. Mais le renvoi n'est pas la seule cause, puisque des magistrats arrivent eux aussi en retard et ils ne sont jamais éconduits. « Pourquoi donc, ce deux poids, deux mesures, d'autant plus qu'il y a quelques années, un greffier avait le même salaire que le magistrat ? », proteste à son tour Madjid.G. un ancien greffier qui n'en est pas à sa première grève. Pour d'anciens greffiers, les demandes du jour se limitent « en de sincères excuses du procureur général qui nous a mis dehors, alors que la protestation devait se faire à l'intérieur de la bâtisse, et non sur le terre-plein des lieux». Ce qui a le plus touché les greffiers qui n'ont pas voulu suivre le mouvement, c'est le fait que les tribunaux de la cour d'Alger n'aient pas été associés à l'arrêt. Vers les onze heures, un adjoint de Sid Ahmed Mourad s'était déplacé en vue de discuter avec des représentants de la centaine de greffiers mécontents. Puis plus rien ! Le guichet du casier judiciaire travaillait normalement, car les six greffières affectées à ce service, ont estimé que cet arrêt n'avait pas sa raison d'être. «Les demandes ne sont pas celles que les meneurs évoquent !», a estimé Nabila.H. La dégourdie greffière de service, désolée par la tournure des évènements. Plus loin, un groupe de vieux greffiers se concertait sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour mieux porter la protestation. A 15 heures 25mn, le procureur général en personne dévala les marches de la cour pour mettre en garde les « grévistes » qui doivent rejoindre leurs postes, à défaut de quoi, c'est l'application de la loi ! Un quart d'heure plus tard, tôt les grévistes rejoignent leurs lieux de travail sans condition ni marchandage aucun, car depuis le temps que les greffiers entament des arrêts de protestation, l'Administration centrale tient bon, avec en prime un « circulez, il n'y a rien à prendre ! ». Il faut, côté pouvoir, comprendre que l'injustice dénoncée constamment par les greffiers, et jamais punie, finira un jour par voir le vase déborder, et là, mes amis, on ne vous dit pas pour ce qui peut être des désagréments. Effectivement, une instruction doit porter son nom : on demande de fermer le portail aux retardataires, magistrats et greffiers, on ne doit pas l'ouvrir aux seuls juges ou procureurs retardataires. Ici, les pauvres greffiers se sentent « effacés » du personnel de la justice, et pis encore, marginalisés, puisqu'ils n'oublieront jamais qu'il y a quelques décades de cela, ils touchaient exactement la même paye que les juges et parquetiers.