La permutation des superviseurs entre wilayas n'a pas été une chose aisée. Le FLN a réuni hier ses superviseurs, à huis clos, pour les convaincre du bien-fondé des changements introduits dans la dernière opération de restructuration de la base. Les grincements de dents étaient visibles sur les visages dès la matinée. Certains ont refusé catégoriquement de changer de wilaya. Pendant que d'autres prétendent qu'ils sont appelés à refaire le travail d'une année depuis le début. Chose que dément le porte-parole du parti qui confie : «Le travail accompli, dans une wilaya donnée, par l'ancien superviseur sera terminé par le nouveau. Les directives sont claires. Ils installent les commissions de candidatures et procèdent au vote des kasmas en assemblées générales». Notre interlocuteur ne comprend pas les réticences de certains qui hésitent à aller là où on les a désignés. Pourtant, la réunion d'hier a été houleuse. Chacun tente de justifier son refus par différents stratagèmes. La réunion a pris hier énormément de temps. Il aura fallu procéder au cas par cas pour évacuer les réticences. Mais ces réticences peuvent être, dans beaucoup de cas, fondées. Il faut imaginer quelqu'un qui a travaillé pendant près d'un an dans une wilaya. Il a bien sûr appris à connaître les gens, à tisser des liens, à susciter des affinités, à se faire des amis. Puis, soudain, la direction décide de tout chambouler en effectuant des permutations dans toutes les wilayas. Les superviseurs sont désorientés. Ils tentent alors de convaincre la direction de revoir sa stratégie. Mais rien à faire. On ne peut aller à des élections d'instances de la base avec les mêmes méthodes qui ont pris le parti en otage dans le passé. L'équipe de Belkhadem a choisi l'ouverture en donnant la chance à tout un chacun, pourvu qu'il dispose de crédibilité au niveau de sa kasma. Mais certaines habitudes ont la peau dure. Beaucoup d'apparatchiks ont installé une sorte de clientèle difficile à faire bouger. Lorsqu'on observe de près les anciens réflexes, on comprend que la mission dont s'est chargé Belkhadem et son équipe relève de l'impossible. Il ne peut déraciner le mal qui gangrène le FLN en deux temps trois mouvements. Il se doit d'élaborer des stratégies, de les revoir à chaque étape, de prévoir des stratégies de rechange au dernier instant pour les surprendre et terrasser les réticents le moment voulu. La prouesse des permutations fait partie de cette contre-stratégie. Car il ne sert à rien d'aller au vote des kasmas avec les mêmes méthodes au risque de donner les mêmes résultats que tout le monde connaît. L'équipe de Belkhadem a entamé une lente «révolution» dans les structures du FLN. La procédure en cours dévoile les contours de cette «révolution». Il y a une volonté de changement dans l'air mais elle tarde à prendre forme tant que les nouvelles kasmas ne sont pas connues. Il ne faudrait surtout pas qu'elles reconduisent les mêmes personnes avec les mêmes réflexes. D'où la difficulté pour l'équipe dirigeante du FLN à opérer ces changements.