Dans la hamada, près de Tindouf, un peuple souffre. Un réfugié sahraoui rencontré lors d'un reportage dans les camps sahraouis qui appelle, depuis Tindouf, digne et fier, commence par s'informer de la situation au nord du pays et finit par lâcher «Ici les intempéries ont fait beaucoup de dégâts et les gens sont réellement désemparés!». A Smara, au camp du 27 février et dans d'autres lieux de vie des réfugiés parsemant la hamada, des maisons se sont effondrées ajoutant aux dures conditions de vie des populations leur lot de souffrance. Notre interlocuteur continue d'une voix brisée son énumération «les dispensaires que l'on avait visités et que tu trouvais comme une merveilleuse réalisation, ont, eux aussi, souffert des intempéries et les gens semblent profondément meurtris. Ici, et tu l'as constaté, on n'a rien d'autre que notre volonté de vivre libres. Il faut que les organisations internationales d'aide se décident à apporter leur concours véritable au gouvernement sahraoui!». On revoit avec peine ces dizaines d'enfants qui, malgré l'adversité des éléments et le sort peu enviable de réfugiés, sourire en évoquant qui, ses vacances en Europe qui, son séjour au bord de la mer en Algérie et tous pressés de faire la rentrée des classes. A Rabouni même, le siège de la présidence sahraoui et de la plupart des ministères il semble qu'il y ait eu quelques dégâts causés par la furie des eaux qui se sont abattues sur la hamada en cet hiver. En août dernier déjà quand, ayant eu l'honneur de rompre le pain à la table de la première dame du Sahara, notre hôtesse avec toute la dignité et la réserve qui sied, nous affirmait que «les médicaments allaient connaître une rupture de stocks !». Elle n'en dira pas plus mais dans son regard toute l'angoisse de la situation se lisait. Un guide précisait alors «venez constater par vous-même combien les conditions de vie des réfugiés sont difficiles!». Au hasard des visites dans les foyers, les dispensaires ou encore à l'hôpital central sahraoui, à Rabouni, la même demande et la même quête : les médicaments. Peuple frugal et résistant ne se plaignant jamais du manque de vivres, alors que les aides accordées par le PAM, par exemple, ont connu des restrictions drastiques incompréhensibles, les Sahraouis ne mettent en avant que leur besoin en médicaments. Malgré ces déboires, l'organisation dans les camps est impeccable. Les gens sont disciplinés et ce n'est pas dans ces lieux que vous verrez des Sahraouis se battre pour des futilités ; tout est dirigé vers l'objectif commun: la libération de la patrie. Dans leur profonde misère née de la guerre, les Sahraouis savent être grands seigneurs, ainsi M.Abdelaziz le président de la République qui nous reçut en ses bureaux de Rabouni nous disait «sa joie d'avoir réussi à rendre à la vie civile les prisonniers de guerre marocains et espérait le retour des prisonniers de guerre et d'opinion sahraouis.» Le ministre en charge des affaires européennes, M.Mohamed Sidati, tranchait également avec son humanisme à fleur de peau, alors que ses propres enfants étaient en vacances ailleurs, son souci était les conditions d'accueil des enfants sahraouis revenus de vacances ! L'Algérie vient d'envoyer une aide d'urgence mais les populations attendent un geste des organisations internationales qui semblent se faire tirer l'oreille! Un peuple déjà bien mal en point même s'il ne le dit pas, est en train de souffrir dans la hamada et l'ONU continue à... évoquer le sexe des anges!
