Jean-François Debargue, le coordinateur d'un projet agricole, lancé en 2007, au profit de la population sahraouie des camps de réfugiés de Tindouf, a entamé le 8 octobre dernier une grève de la faim illimitée pour faire prendre d'avantage conscience à la communauté internationale des drames endurés au quotidien par le peuple sahraoui et protester contre les crimes commis régulièrement par l'armée marocaine dans les territoires sahraouis occupés. Camps de réfugiés sahraouis (Tindouf) De notre envoyé spécial Lui-même blessé et touché au plus profond par la misère insoutenable et indescriptible dans laquelle vivent les Sahraouis, ce français qui a découvert les camps sahraouis il y a à peine deux ans espère voir un bataillon d'ONG humanitaires et de défense des droits de l'homme lui emboîter le pas et prendre le relais pour témoigner devant le monde entier de la sauvagerie des forces armées d'occupation marocaines au Sahara occidental et faire pression sur Rabat pour contraindre le roi Mohamed VI à respecter la légalité internationale. Premier humanitaire à avoir entamé une action aussi extrême depuis la colonisation par le Maroc des territoires sahraouis en 1975, M. Debargue veut également, à travers sa décision « opter pour la force non-violente », dénoncer énergiquement les conditions de vie inhumaines dans les camps de réfugiés de Tindouf. Dans une conférence de presse animée à son deuxième jour de grève de la faim au siège de l'Association des parents de détenus et disparus sahraouis, Jean- François Debargue a appelé énergiquement son pays, la France, à cesser d'apporter son soutien au Maroc et d'user de toute son influence pour faire aboutir les résolutions de l'ONU et permettre ainsi au peuple sahraoui d'user de son droit à l'autodétermination. « Je demande au gouvernement français de reconnaître et de dénoncer l'intolérable situation des camps sahraouis depuis 34 ans ainsi que les atteintes incessantes aux droits de l'homme en zones occupées par le Maroc. Je demande que soit enfin choisie rapidement et officiellement la date du référendum qui devait être organisé depuis 18 ans pour permettre au peuple sahraoui de vivre dans son pays le Sahara occidental », a-t-il déclaré. L'humanitaire français s'est dit scandalisé de voir « les solutions politiques au conflit du Sahara occidental - qui pourtant existent -sacrifiées au nom des intérêts économiques et des soutiens politiciens ». Expliquant sa décision de recourir à une telle initiative, l'humanitaire français dont la mission dans les camps sahraouis s'achève dans trois semaines a indiqué que pour lui « il était lâche de quitter les camps sahraouis sans entreprendre une initiative politique capable de bousculer les consciences, de toucher les cœurs des politiques et de permettre aux Sahraouis de prendre leur destin en mains et de changer leur condition ». Jean François Debargue qui séjourne sans interruption depuis plusieurs mois dans les camps sahraouis coordonne un projet financé par le ministère français des Affaires étrangères, la communauté catholique de lutte contre la faim et pour le développement et la wilaya de Laâyoun. A propos justement de l'aide internationale apportée aux sahraouis, M. Debargue qui poursuivait, hier, avec courage et conviction sa grève de la faim, s'est dit indigné par l'hypocrisie de certains gouvernements de pays occidentaux comme l'Espagne et la France qui « financent des projets dits de développement uniquement pour se donner bonne conscience.