Selon une source sûre, un remaniement ministériel pourrait intervenir dans la seconde quinzaine du mois de mars. Les trois responsables de l'Alliance présidentielle en l'occurrence, MM.Belkhadem du FLN, Ouyahia du RND et Soltani du MSP, tiendront leur sommet aujourd'hui. C'est ce qu'a déclaré M.Saïd Bouhadja, membre de l´instance exécutive du FLN. Cette rencontre paraît très importante puisqu'elle intervient dans une période où l'alliance semble être en panne de stratégie. Il faut reconnaître qu'au sein de cette «ligue», c'est la discorde qui prend la place de la cohésion, affichée au lendemain de sa création. Contacté par nos soins, des cadres de ces formations politiques appréhendent diversement le Sommet. Ainsi, Abderrezak Mokri du MSP a affirmé à L'Expression que «les responsables doivent dépasser les divergences pour réaliser l'objectif de l'alliance». Quant à Saïd Bouhadja, porte-parole du FLN, il insiste sur le fait que les trois partis sont «entièrement d'accord sur les principaux axes du programme du président». Pour ce qui le concerne, Miloud Chorfi, porte-parole du RND, a relevé que son parti qui a présidé cette alliance pendant trois mois, tire un bilan positif. Il dira à ce sujet que «d'une manière générale, la coordination existe au sein de l'alliance». Même si des divergences existent, il relève que c'est grâce à l'alliance que les élections partielles ont pu se tenir. Cela n'empêche pas que les trois partis se sont, en effet, livrés, ces derniers temps, à une véritable «guéguerre», par presse interposée. L'augmentation des salaires, le remaniement ministériel, la révision de la Constitution sont autant de sujets sur lesquels les trois alliés n'arrivent plus à s'entendre. Une chose est sûre, en tout cas, le FLN, qui prendra les commandes après le RND, veillera, sans doute, à remettre les choses dans l'ordre et tentera de donner un nouveau souffle à l'alliance pour achever le programme quinquennal dans les délais prévus. Cela dit, au vu de la situation qui prévaut au sein de la coalition au pouvoir, l'on ne peut espérer un «saut qualitatif», comme l'aurait souhaité le MSP, puisque les mêmes sources révèlent qu'à l'occasion des prochaines élections législatives, l'option de la liste commune est totalement évacuée. Chacun se prépare de son côté, dès à présent, pour investir le terrain, informe-t-on. C'est dire donc que l'alliance restera «victime» des ambitions de pouvoir de chaque parti. Les intérêts stratégiques et politiques de chaque parti sont plus importants aux yeux des «alliés». Le MSP qui plaide pour une action politique commune sur le terrain, va être déçu pour la seconde fois. Le parti de Soltani ne manque pas d'afficher, faut-il le rappeler, sa déception quant au comportement du RND et du FLN lors des élections partielles tenues en Kabylie. La perspective des prochaines législatives, dont la précampagne a déjà commencé, est un facteur que les observateurs estiment assez déterminant pour expliquer les manoeuvres qui ont cours dans les coulisses du pouvoir. En effet, le MSP entend récupérer les sièges perdus lors des élections de 2002. Il espère renforcer sa position au sein de l'alliance, histoire de décrocher un maximum de portefeuilles ministériels. De son côté, le FLN, parti majoritaire, ne cache pas son intention de récupérer les rênes du pouvoir à l'horizon 2007, en confirmant le score de la dernière consultation électorale. Quant au RND, qui détient actuellement le gouvernement, son intérêt serait dans une grande victoire qui lui permettrait de garder sa place au Palais du gouvernement. Pour l'heure, et en attendant les résultats des urnes dans un peu plus d'une année, le MSP et le FLN montent au créneau et réclament un chef de gouvernement non partisan. Une revendication qui a fait son petit bonhomme de chemin, au point où l'on annonce l'imminence d'un remaniement ministériel. Selon des sources dignes de foi, un changement d'Exécutif pourrait intervenir dans le courant de la deuxième quinzaine du mois de mars prochain. Cette décision, indiquent les mêmes sources, obéit à des raisons strictement politiques. En effet, l'on explique que ce remaniement n'a aucun lien avec la gestion des affaires de l'Etat puisque, indique-t-on, le chef du gouvernement réussit assez bien dans sa mission. Par ailleurs, la rencontre d'aujourd'hui, qui intervient quelques jours avant la sortie médiatique du président, sera une occasion pour le trio de mettre leurs querelles de côté et de resserrer les rangs. Le président de la République qui se prononcera vendredi prochain à l'occasion du 24 février, tranchera la question des salaires. Plus que les premiers concernés que sont les travailleurs, les membres de l'alliance présidentielle attendent impatiemment le discours du chef de l'Etat, puisqu'il va les départager sur une question importante, dont la charge électoraliste n'est plus à démontrer. Dans le cas où le président de la République prend fait et cause pour le FLN et le MSP, cela n'enlèvera rien à l'influence sur la scène nationale de Ahmed Ouyahia, pensent les observateurs, pour la simple raison qu'une pareille option prend en compte des considérations politiques et sociales. Dans le cas contraire, c'est-à-dire, si Bouteflika rejette la revendication des travailleurs, il usera des mêmes arguments économiques qu'Ouyahia. Dans un cas comme dans l'autre, le chef de l'Etat dégonflera le «ballon électoral» des partisans de l'augmentation des salaires. En fait, les mêmes observateurs estiment qu'une décision allant dans le sens des revendications des fonctionnaires sera surtout destinée à apaiser la tension au sein du front social sans plus. Avec 56 milliards de dollars de réserves de change et la hausse des prix du pétrole, il est fort attendu que le président se montrera très généreux ce jour-là envers les travailleurs. En attendant cet important rendez-vous, qui interviendra après une sortie de Sidi Saïd, le 20 février et Ouyahia, dont on attend un discours pour le 21 février, la réunion d'aujourd'hui de l'alliance présidentielle risque de ne pas être de tout repos.