L'Algérie a véritablement marqué la 33e session du Sommet de l'Union africaine. Son retour gagnant après une démonstration d'efficacité à Berlin, Alger et Brazzaville sur le dossier libyen, a imprimé une nouvelle dynamique dans la diplomatie continentale. L'intervention du président de la République et les annonces qu'il a faites en direction des pays du Sahel et plus généralement vers les pays africains, ont sonné comme un apport significatif dans l'équation du développement du continent. Le président de la République, qui s'est entretenu avec beaucoup de ses pairs, a renoué des liens qui s'étaient délités ces dernières années. Désormais convaincu d'agir sur les plans politique et économique, l'Algérie devient, de fait, le partenaire efficace que cherchent de nombreux pays africains, en butte à des crises sécuritaires, dont l'impact sur l'économie est désastreuse. L'Algérie, qui a enclenché le processus du «double soutien» avec la Libye en entamant des relations commerciales gagnant-gagnant déplanifie certainement l'expérience, en couplant l'action diplomatique au partenariat économique. Il reste néanmoins essentiel d'aboutir à «faire taire les armes» pour donner tout son sens à la coopération intra-africaine. Et là c'est un autre Algérien qui entre en scène. L'ancien ministre des Affaires étrangères et actuel Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour «Faire taire les armes», Ramtane Lamamra se dit résolument optimiste. En diplomate aguerri, qui a à son actif le fameux accord d'Alger qui constitue un document de base dans la gestion du conflit malien, Lamamra sait certainement de quoi il parle. Evoquant les décisions sorties de la réunion du Conseil de sécurité et de paix (CPS) de l'UA, il affirme qu'il est à même de réaliser la paix «Ici, le facteur déterminant est la volonté politique des Etats membres. La prévention et la résolution des conflits se font sur les territoires nationaux et la volonté politique est donc très cruciale», explique le diplomate. Un point à l'actif du CPS, lui-même inspiré par la position algérienne qui a montré toute son efficacité sur le terrain. Le Haut représentant de l'UA se réfère au lexique diplomatique algérien pour souligner la nécessaire conceptualisation de «l'inclusion dans toutes les facettes de la résolution des conflits comme l'un des ingrédients essentiels pour faire taire les armes à feu sur le continent». Sur le terrain aussi, cela «signifie qu'il faut impliquer toutes les couches de la société, en particulier les femmes et les jeunes», précise Lamamra. Cette approche, que défend l'Algérie présentement sur le dossier libyen, a donc été adoptée par le CPS. Le troisième Algérien qui a laissé son empreinte au 33e Sommet de l'UA est le Commissaire à la Paix et la Sécurité, Smaïl Chergui. Il n'a pas hésité à charger l'UA en raison de l'insuffisance de la mobilisation face à l'aggravation de la menace au Sahel. Il a prôné un sursaut africain similaire à celui qui a permis de vaincre Daesh en Irak et en Syrie pour éliminer tous les groupes terroristes en Afrique «rapidement». L'enjeu sécuritaire est, de loin, un véritable défi pour les Africains. Ils ne peuvent le relever qu'en étant solidaire. C'est le message d'Alger.