Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé hier à Addis Abeba pour un rôle plus actif de l'Union africaine dans la résolution des crises et des conflits qui secouent le continent noir. Le Conseil paix et sécurité de l'Union africaine (CPS) est en sommet depuis hier à Addis Abeba, en Ethiopie, pour tenter de trouver des solutions concrètes aux crises sécuritaires qui secouent le continent noir. Les crises au Sahel et en Libye se sont imposées ces dernières semaines comme les premières priorités du moment, tant les risques qu'elles charrient pour toute la région sahélo-sahélienne sont multiples. Le Sommet réunit 15 chefs d'Etat membres du CPS, le Premier ministre libyen Faïz Essaraj, le SG de l'ONU et le président du comité de haut niveau de l'UA sur la Libye, le président congolais Sassou Ngessou. Plusieurs chefs d'Etat africains participent également à cette réunion de haut niveau, dont les travaux s'articuleront essentiellement autour du conflit qui mine la Libye, devenu un véritable casse-tête sécuritaire pour les pays voisins. Les présidents du Burkina Faso, aussi président du G5 Sahel et du processus de Nouakchott, de l'Afrique du Sud, du Niger ou encore de l'Algérie passeront en revue l'évolution de la situation sécuritaire dans le Sahel, en proie à une instabilité qui fait craindre le pire, avec la propagation des groupes terroristes et la prolifération d'armes et de trafics en tous genres. Avec l'enlisement du conflit en Libye, autant dire qu'il s'agit d'une véritable bombe à retardement. Outre les solutions concrètes qu'on attend de ce sommet, il s'agit pour l'Union africaine d'un test décisif pour s'imposer en un véritable pourvoyeur de solutions aux conflits qui se sont multipliés dangereusement ces dernières années dans tout le continent. S'adressant jeudi aux ministres africains des Affaires étrangères, le président de la commission de l'UA, Moussa Faki, a dressé un portrait peu flatteur de la situation du continent, du Sahel à la Somalie, assurant que "l'objectif manqué de 2020 (faire taire les armes, ndlr)" révélait "la complexité de la problématique sécuritaire en Afrique". Aujourd'hui, ce ne sont plus les instruments ou les moyens qui manqueraient à l'UA pour se placer en artisan de paix. Les pays membres de l'UA doivent rapprocher les vues, chercher à accorder leurs voix autour des priorités du moment, comme c'est le cas en ce qui concerne le dossier libyen. Exclue de ce dossier, comme l'a constaté jeudi dernier le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine, Smaïl Chergui, l'UA doit se "ressaisir" des questions continentales en bâtissant un front commun face aux crises qui ébranlent le continent. L'autre défi de l'UA est de s'imposer en rempart face aux multiples interférences étrangères dans les dossiers africains. En l'absence d'une diplomatie active et vigoureuse, l'Union africaine, on a eu le loisir de le constater en Libye, a laissé le champ libre à des ingérences étrangères qui, pour conséquence, n'ont fait qu'aggraver la crise qui mine aujourd'hui ce pays. Une crise dont l'impact, à défaut de solutions rapides, peut se ressentir très vite dans toute la sous-région et dans le Maghreb.