L'intervention de la députée de Bouira, lors du débat sur la politique générale du gouvernement où elle a clairement qualifié Bouira de «wilaya gangrénée par la corruption», vient remettre sur la table la situation des zones industrielles de Oued El Berdi et celle en projet de Dirah. En mai de l'année dernière, nous avons, dans une publication essayé d'attirer l'attention des responsables sur ce fait. Parce que l'apurement du dossier du foncier industriel demeure une priorité pour le président de la république, nous reprenons le dossier. Pour rappel, Bouira dispose de deux zones industrielles importantes dont celle de Sidi Khaled, qui s'étale sur 418 ha répartis en 323 lots auxquels est venue s'ajouter une extension de plus de 170 ha, mais aussi une mégazone au niveau de Dirah, inscrite dans le cadre des programmes des Hauts-Plateaux. Malgré l'immense potentiel, les énormes moyens mis en place, les avantages fiscaux et parafiscaux attractifs, l'investissement réel tarde à se développer. Pour la première zone, longtemps gérée par un bureau d'études installé à Blida, plus précisément à la zone de Sidi Khaled, commune d'Oued El Berdi, elle compte 82 projets agréés, 22 sont pleinement opérationnels, et représentent plus de 6 milliards de dinars d'investissement sur les 40 milliards prévus initialement. Pour les autres, on compte 33 projets en cours de réalisation, six à l'arrêt, 15 non lancés. Pour dynamiser l'industrie, la wilaya de Bouira a programmé une extension de l'ordre de 170 ha, surtout que les demandes parvenaient à l'organisme en charge de ce dossier, l'ex-Capiref. Comme pour la première zone, l'extension s'est retrouvée devant un gros problème, en l'occurrence l'amenée de l'électricité, l'alimentation en gaz mais et surtout le retard dans les travaux d'aménagement confiés à une entreprise nationale pour une enveloppe financière de l'ordre de 147 millions de DA. L'ancienne zone souffre toujours Cette extension compte, sur le papier 25 investisseurs bénéficiaires. Gérée à son implantation par l'Urbab, un bureau d'études domicilié à Blida, la zone industrielle d'Oued El Berdi avait connu une gestion anarchique qui aura réduit sensiblement les promesses de recrutement et l'essor de l'investissement dans cette région. En matière d'emploi enfin, la situation n'est guère reluisante, car sur les 6 000 postes initialement prévus, seulement 2 100 ont été créés dans cette zone. 20 ans après son lancement, l'ancienne zone souffre toujours du manque d'aménagement, d'indisponibilité des prestations utiles à la bonne marche des quelques projets lancés. Concernant les chiffres, Bouira dispose de trois zones industrielles, 15 zones d'activité et cinq mini-zones au niveau de quatre communes. Si certains investisseurs ont profité des facilités pour acquérir les terrains détournés de leur vocation première, d'autres investisseurs ont persisté malgré les difficultés. L'amenée d'électricité, du gaz, de l'eau et la voirie sont les éléments qui risquent de retarder l'ensemble des projets industriels domiciliés à la nouvelle zone industrielle de Sidi Khaled. C'est particulièrement ce qui était constatable au projet de la société Magpharm laboratoires. Le projet qui s'étend sur 18 086 m², risque de tarder à entrer en exploitation, malgré l'avancement considérable dans la réalisation de ses structures. Prévue pour juin 2018, cette unité de production de quatre sortes de produits envisage de recruter directement 500 personnes. Pour le volet main-d'oeuvre qualifiée, les responsables envisagent à long terme, de former le personnel auprès des instituts de formation professionnelle, c'est entre autres l'une des mesures proposées par les pouvoirs publics dans le cadre de l'assistance et de l'accompagnement des institutions privées industrielles. L'entreprise partenaire direct de Biopharm a consenti un effort financier important. Les deux mégahangars importés du Canada, spécifiques à l'industrie aéronautique et jusque-là réservés aux avions, ont coûté pas moins de 120 MDA au groupe privé. L'autre grand projet est l'unité de production des peintures, colles et enduits du Groupe Pigma Color. Cette unité, réalisée à 100%, n'est en fait que l'extension de l'unité de production déjà opérationnelle à la zone d'activité de Taghzout, daïra de Haïzer. L'investisseur italien L'usine, réalisée dans l'ancienne zone entrée en fonction subit les aléas de la voirie qui détériore la matière première avant son arrivée sur place. Un groupe chinois, qui alimentait la Grande mosquée d'Alger en menuiserie, y travaille. C'est aussi le cas d'un investisseur italien installé depuis 2008 mais qui n'a à ce jour pas commencé la production, pour une multitude de problèmes. Lors d'une rencontre antérieure, le wali, Mustapha Limani reconnaîtra que le problème de l'aménagement de cette zone freine l'essor de l'industrie localement, mais aussi à un niveau national. Bouira semble avoir été rattrapée par les scandales du foncier, remontés à la surface à la faveur du Hirak. Des poids lourds sur l'échiquier national ont bénéficié de terrains à Bouira. Nous citerons Rebrab, Eulmi, Baïri, Haddad... qui ont bénéficié d'assiettes destinées à des projets mais dont certains n'ont jamais vu le jour. «Chambre 5 du tribunal de Sidi M'hamed, dossier d'enquête N°19/0031 portant saisie conservatoire des biens fonciers des parcelles de 250 à 272ha sises dans la nouvelle zone industrielle de Sidi Khaled attribuées à la SPA Savem Société algérienne de commerce des véhicules et maintenance» de propriété du Groupe Ali Haddad né le 27/01/1967 à Azzefoun, wilaya de Tizi Ouzou»... Ce contenu est celui d'une correspondance adressée par la direction des Domaines de la wilaya de Bouira au président du groupe national des notaires. Le document est une opposition ferme à l'acte de concession N°298 du 26/04/2017, établi au profit de l'ex-président du FCE aujourd'hui entre les mains de la justice. Est-ce que les autres bénéficiaires ont été inquiétés ou non? C'est la question que se pose le lambda citoyen à Bouira. Le projet le plus étonnant reste celui d'un investisseur qui annonçait la mise en place d'une unité de montage, en partenariat avec Iveco mais qui, une fois l'assiette acquise, est parti s'installer à Boumerdès. C'est aussi le cas du représentant d'une firme allemande implantée à travers le territoire national, qui a transformé pendant des années son terrain en zone de parking pour ses véhicules. Dans cette volonté de relancer concrètement l'investissement, unique moyen de résorber le chômage de la wilaya compte sur une commission mixte exécutif- APW élargie aux présidents des APC concernées pour suivre de près ce dossier. Les enquêteurs aussi ont du pain sur la planche. à quand le dénouement?