Lors du cinquième jour du procès en appel de hauts responsables qui a lieu, avant-hier, à la cour d'Alger, le procureur général a tracé les profils de hauts responsables ayant succédé aux postes sensibles et les hommes d'affaires les plus proches du sérail pour répondre à la question qui a suscité tant d'interrogations sur la scène nationale depuis des années : qui gère le pays ? Impliqués dans le dossier du montage automobile et le financement «illicite» de la campagne du président déchu, les deux ex-hauts responsables de l'Etat, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia affirmaient devant le juge qu'ils ont appliqué à la lettre «le programme du président de la République Abdelaziz Bouteflika», à cette époque-là. «Nous sommes de simples exécutants» répondaient les deux prévenus dans une tentative d'incomber toute la responsabilité dans cette affaire à Abdelaziz Bouteflika. Abdelmalek Sellal et le trésorier de sa campagne Hamoud Chaïb iront jusqu'à réclamer le témoignage de Bouteflika dans cette affaire. Mais la requête formulée par Chaïb a été rejetée par le juge de la deuxième chambre correctionnelle près la cour d'Alger, sous prétexte que la loi ne lui «permet pas de convoquer Bouteflika lors d'un procès en appel», répond le président de séance. Dans son réquisitoire le procureur général près la cour d'Alger, explique comment des hauts responsables de l'Etat et une poignée d'hommes d'affaires ont profité de la maladie de Bouteflika pour replonger le pays dans la corruption. «On sait tous que Bouteflika, malade, n'a pas présenté sa candidature pour la présidentielle. Il a été forcé de se porter candidat par son parti le FLN et une poignée d'hommes d'affaires.» Pour étayer ses dires, ce dernier évoquera «les 75 milliards de centimes collectés» par des hommes d'affaires pour le financement de la campagne du président «déchu», en se basant sur les aveux de l'homme d'affaires Ali Haddad. En contrepartie, ces hommes d'affaires ont bénéficié d'avantages et de largesses, précise le procureur de la République, en s'adressant à Ahmed Ouyahia et à Abdelmalek Sellal, pour qui il a requis des peines de 20 ans de prison ferme avec la confiscations de leurs biens. Pour expliquer avec détails cette connexion existante entre l'argent et la politique, le procureur cite le monopole exercé par ces deux hauts responsables sur le Conseil national de l'investissement, en décidant de «fermer le jeu devant les autres investisseurs dans le secteur automobile». Une décision qui a causé un préjudice de «77 milliards de dinars au Trésor public», selon les estimations de ce dernier. Revenant sur les familles des deux hauts responsables, le procureur général déclarera devant la cour qu'«au moment où de jeunes Algériens se jetaient à la mer, vos enfants bénéficiaient de grandes largesses et avantages leur permettant de monter un business sans dépenser un sou». Pour ce qui est des ex-ministres de l'Industrie Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, il a été requis contre ces derniers des peines de 15 ans de prison ferme avec confiscation de tous leurs biens. quant à Abdelghani Zalène, ex-ministre et directeur de campagne de Bouteflika, une peine de 10 ans de prison ferme a été requise à son encontre. Concernant l'homme d'affaires Ali Haddad, et Fares Sellal, fils de Abdelmalek Sellal, le procureur général a requis à leur encontre une peine de 8 ans de prison ferme. La séance a été levée, après le réquisitoire du procureur général. Le procès entamera, demain, sa deuxième semaine.