Comme attendu, le procureur général près la cour d'Alger a demandé, dans son réquisitoire, un durcissement des peines à l'encontre des anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et des anciens ministres Amara Benyounès, Abdelghani Zalène, Boudjemaa Talai, Abdelkader Kadi, Abdeslam Bouchouareb, ainsi que les autres accusés dans le procès en appel de l'homme d'affaires Ali Haddad, patron du Groupe Etrhb et ancien président du Forum des chefs d'entreprise, pour des chefs d'inculpations liés, notamment à la corruption, dont l'obtention de plusieurs privilèges immobiliers et bancaires et la conclusion de marchés publics en violation de la législation en vigueur. Le procureur général a également requis 2 ans de prison ferme assortie d'une amende de 500 000,00 dinars à l'encontre des anciens ministres de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, ainsi que la confiscation de tous les biens des accusés. Selon le procureur général, les accusés sont poursuivis pour blanchiment d'argent dans le cadre d'un groupe criminel organisé, ainsi que pour infraction de transfert de biens et de fonds d'origine criminelle et d'obtention d'indus privilèges et incitation d'agents publics à conclure des marchés publics en violation de la législation. 110 milliards de dinars de compensations «Tous les accords de partenariat contractés par le Groupe Haddad l'ont été avec des entreprises chinoises mais avec aucun partenaire européen encore moins méditerranéen, bien que ces pays soient pionniers dans tous les domaines, y compris les travaux publics, et ce n'est jamais un hasard», fera remarquer le procureur général dans son réquisitoire avant de préciser «nous remarquons que la plupart de ces accords, ou la plupart d'entre eux, sont contraires à la loi et ont été conclus de manière détournée avec la complicité d'agents publics». Dans son intervention, la partie civile, représentant le Trésor public, a demandé un dédommagement financier pour préjudice causé au Trésor public par le Groupe Haddad. Ce dédommagement s'élève à 78,41 milliards de dinars en tant que montant détourné, et le remboursement de 21,159 milliards de dinars, en tant que crédit de financement. À ces montants s'ajoute 110,350 milliards de dinars de compensations au Trésor public. Tandis que les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que les ministres Amar Ghoul, Amara Benyounès, Abdelghani Zalène, Boudjemaa Talai, Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda et Abdeslam Bouchouareb devront s'acquitter chacun d'un montant d'un milliard de dinars. «Je ne nommais pas les ministres» Pour sa défense, Ali Haddad, tout en niant les accusations portées contre lui, dira que «l'Etat m'est redevable de 53 milliards de dinars». Interpellé, auparavant, sur la manière d'acquisition de projets, Ali Haddad rétorquera avoir travaillé en toute légalité. Relancé par le juge d'audience sur ses prétendus atomes-crochus avec certains hauts responsables de l'Etat, ayant, soit disant, bénéficié de promotions à l'instar de Abdelkader Boughazi, ancien ministre de l'Agriculture, de Abdelghani Zalène, ancien ministre des Travaux publics et de Boudjemaa Talai, ancien ministre des Transports, Ali Haddad, tout en niant ces allégations, affirmera n'être en aucun cas intervenu dans leur ascension professionnelle. Concernant ses relations avec Saïd Bouteflika, frère et conseiller du président déchu, notamment les 255 appels téléphoniques échangés entre eux, ainsi que les 30 SMS, Ali Haddad affirmera: «Je lui demandais conseil au sujet de la position du FCE. Nos SMS ne dépassaient pas le cadre des salutations et des félicitations à l'occasion des fêtes et événements religieux.» Idem pour Mokhtar Reguieg l'ex-directeur du protocole de la Présidence. «C'est Mohamed Reguieg, mon conseiller au FCE» dira Ali Haddad qui affirmera être «victime d'une manigance»