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«Le gnawi et moi, c'est une histoire d'amour»
KARIM ZIAD À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 10 - 10 - 2006

Entre louanges et textes des Hamdouchia du Maroc, les Gnawis ont offert un vrai bal de chants sacrés.
Après Ifrikya au printemps dernier, Karim Ziad est revenu jeudi dernier à la salle Ibn Zeydoun où il s'est produit sur initiative de AS Production, avec deux grands artistes gnawis du Maroc, deux monstres sacrés avec lesquels il s'est produit pour la première fois à Alger: Hamid El Gnaoui et Maâlem Abdelkbir Merchane. Derrière sa batterie, Karim Ziad accompagnera ces maîtres, flanqués de quatre musiciens au karkabou. Ces derniers, de vrais acrobates danseurs! Merchane a la chéchia rouge et El Kasri au gumbri et c'est un déluge de louanges à tous les marabouts du Maghreb et de l'Afrique: Sidi Moulay Idriss, Sidi Mimoun, Houaria El Gnawia...Les envolées percussives de Karim mettent le public en furie. Le gnawi, la techno du Maghreb? En effet, cela se confirme indiscutablement! Fort de ce panache, nous rejoignons Karim Ziad aux coulisses après s'être abreuvé de l'énergie du public et nous avoir transmis toutes son aura et sa magie. Un vrai petit prince derrière ses cymbales...Ecoutons-le.
L'Expression: Nous venons d'assister à un spectacle inédit avec Abdelkbir Merchane, Maâlem Hamid El Kasri et Karim Ziad. Pouvez-vous nous raconter l'aventure de cette rencontre?
Karim Ziad: Cela fait des années que je les connais. Tu connais la voix de Abdelkbir dans mes disques. Donc, cela remonte à l'année 2000 avec l'album Ifrikya; et Hamid, j'ai joué avec lui au festival de la Saouira (Maroc). Il m'invite souvent à jouer avec lui au Maroc avec cette formation. Quand il a des concerts, il m'invite à me produire comme ce qu'on a fait ce soir. C'est plus une histoire d'amitié qu'autre chose. On s'aime beaucoup. On joue ensemble. On n'a pas de problèmes...
Tu tournes beaucoup au Maroc?
Oui, parce qu'on m'invite souvent à jouer là-bas, et avec Ifrikya, et tout seul avec Hamid et Abdelkbir, avec d'autres formations aussi. J'ai produit un disque d'un jeune artiste au Maroc. Une société de distribution m'a appelé et m'a proposé de produire un jeune qui s'appelle Bari. Et donc pour cela, j'y vais souvent.
Tu y vas aussi parce que tu es notamment un des directeurs artistiques du festival de la Saouira...
En effet, je suis directeur artistique du festival depuis 2001. Mon rôle est d'être le pont entre le gnawa et l'Occident. Je fais jouer des musiciens occidentaux donc avec des troupes gnawas et j'invite aussi des groupes dont les Gnawas d'Alger et plein d'artistes comme Oumou Singaré, Gaâda, Diwan de Béchar, etc.
Que trouve Karim Ziad à la musique gnawie?
C'est une histoire d'amour. Tu rencontres quelqu'un, tu en tombes amoureux, tu n'as pas spécialement d'explications. C'est pareil pour la musique gnawie et moi. Je ne suis pas gnawi mais j'ai écouté cette musique très tôt, à l'âge de 3 ou 4 ans. C'était à Alger, je me rappelle, il y avait des rituels qui se faisaient. Je me souviens d'ailleurs que c'était lors du mariage du frère d'un ami à mon père, qui est d'origine marocaine. Ils étaient là ce soir. C'est avec eux que j'ai entendu pour la première fois cette musique. J'ai eu quelque chose et en plus, à Belcourt, quand je descendais chez ma grand-mère, il y avait toujours Baba Salem qui passait et cela m'emportait aussi.
Karim Ziad est passé par plusieurs étapes dont le rock, le jazz et aujourd'hui le gnawi...
Le gnawi n'est pas une finalité en soi. Si j'ai envie de faire de la musique gnawie, j'en ferai, si j'ai envie de faire du jazz, j'en ferai. Cette formation-là est un projet spécial pour le Ramadhan. On voulait quelque chose moins jazz et plus traditionnel, dans l'esprit des nuits du Ramadhan et c'est ce qu'on a fait. Et j'espère que cela a plu. J'avais quelques appréhensions, mais je crois que le public a adhéré et je suis content.
Pour revenir à ton prochain album, tu dis que tu fais ce que tu aimes, selon les envies, et là, d'après nos informations, ton prochain album sera un peu plus ouvert en matière de sonorités.
Je dirais que cela va être un peu plus simple. Il y a ces deux gaillards-là (Abdelkbir Merchane et Hamid El Gnawi, Ndlr) qui chantent ensemble sur un morceau que j'ai arrangé. L'album sera beaucoup plus chanté.
L'album est prêt. Il faut juste le mixer, le mastériser et le vendre. Il y aura quelques titres très algériens, un peu oranais du style Ahmed Wahbi, mais très arrangés, modernes.
Le titre s'appelle Had ezman et c'est lui qui donne le titre phare de l'album. Je parle de notre temps avec tout ce que cela comporte et se passe dans la vie. Je fonctionne beaucoup plus avec des métaphores au lieu de dire crûment ce qui se passe comme la guerre en Irak, le combat entre les Juifs et les Arabes. Je ne parle pas de ça mais plutôt je lance des images. L'album sortira en janvier ou février prochains. Jouera aussi dans cet album Aziz Sehmaoui qui a écrit de très beaux textes, magnifiques. Je pense que les Algériens sont plus proches de la culture marocaine que celles tunisienne ou charquie. Nous avons notre culture et nous adhérons à la culture marocaine qui est très proche de la nôtre. Elle est à notre porte. Elle est la nôtre et nous, la leur. Moi, je suis dans une ville qui est beaucoup proche de l'ouest que de l'est.
J'ai cru entendre qu'il y a un projet qui se prépare avec ton frère Nazim?
Oui, le 17 décembre, je monterai un projet qu'avec des musiciens algériens. Ce sera un jeu jazz, un peu traditionnel, un peu tout quoi. Ce sera à la salle Ibn Zeydoun et sur initiative du ministère de la Culture.
Que penses-tu de l'événement «Alger, capitale 2007 de la culture arabe»?
On m'a proposé de m'occuper d'une partie de la programmation. Et j'espère que cela va marcher.


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