Cette "chose formidable qui donne le vertige" captive encore les regards assoiffés et avides du beau. Qu'on la nomme Cirta, Constantine ou la ville des Ponts suspendus, cette cité, deux fois et demie millénaire, demeure toujours insaisissable. Sa beauté et son charme à la fois mystérieux et énigmatique, ont un goût exquis. Choyée par Kateb Yacine, chérie par Malek Haddad et chantée par Enrico Macias, cette légendaire cité aérienne captive encore les regards assoiffés et avides du beau. Le secret de cette «chose formidable qui donne le vertige», pour reprendre Flaubert, n'est mieux percé que par ses propres enfants. «Sur les vestiges des Numides et de leur capitale Cirta, des Phéniciens ou des Vandales, de l'empire romain de Constantin (...), Constantine, multiple et inaltérable, aura été un formidable creuset des civilisations, un haut lieu des rencontres des populations amazighe, arabe, française, de convergence des religions, particulièrement de l'Islam et du judaïsme, dont portent témoignages les oeuvres des hommes et des cultures qui s'y fondent» c'est ce qu'a écrit l'universitaire et journaliste Abdelmadjid Merdaci dans son dernier ouvrage Constantine, citadelle des vertiges paru à la fin de l'année 2005 chez les éditions Amis de Paris-Méditerranée et Paris-Méditerranée, en France ; et chez Edif 2000 et Média-Plus en Algérie. Tout au long des 187 pages que contient ce livre, l'auteur tente de dévoiler le charme de cette ville cosmopolite. Ce qualificatif, on peut, à juste titre, le lui attribuer au vu de toutes ces civilisations qui y ont défilé. Le géographe arabe El Idrissi ne lui a pas gratuitement jeté des fleurs en écrivant: «Constantine est l'une des plus fortes places du monde. Elle domine des plaines étendues et vastes compagnes ensemencées de blé et d'orge». Aujourd'hui encore, elle exerce la même fascination, elle garde la même place que celle qu'elle a occupée à l'époque berbère, romaine ou punique. Abdelmadjid Merdaci, à travers ce livre-album consacré à sa ville natale, nous prend par la main et nous guide à travers, non seulement les dédales de l'histoire de cette cité, mais aussi à travers ses rues et ruelles. Cela, l'auteur l'a fait en accompagnant le texte d'une série de photographies prises par Kouider Métaïr. Des illustrations en couleur ne font en effet que donner une image vivante de la ville de Constantine. Cette ville même qui doit son nom à l'empereur romain Constantin. «Cirta qui joua un rôle certain dans la victoire de Constantin sur son rival Maxence, lui devait sa reconstruction et un embellissement qui la rendirent finalement digne de porter le nom de l'empereur en 312.» Par ailleurs, dans Constantine, la ville des vertiges, Merdaci rend hommage à tous les enfants de cette ville. De Abdelkader Toumi, ce musicien qui fêtera en novembre prochain ses cent ans, à Raymond Leyris (Cheikh Raymond), dont les circonstances de son assassinat, le 22 juin 1961, ne sont pas encore établies; de Jean-Michel Atlan, ce «peintre hanté de la ville», à Malek Haddad, ce «guetteur de l'espérance», Merdaci nous démontre combien Constantine a marqué l'esprit de ses enfants. Les-a-t-elle seulement marqués? Que menni, car Constantine est aussi une égérie, la muse inspiratrice, celle qui montre le nord. Constantine tu étais, Constantine tu resteras toujours une nymphe au charme renouvelé.