Le processus référendaire bute au Sahara occidental sur l'intransigeance de Rabat mais aussi sur le jeu malsain des grandes puissances. Dans quelques jours, la République arabe sahraouie démocratique, Rasd, célébrera son trentième anniversaire à un moment où le processus d'autodétermination du peuple sahraoui se trouve dans une impasse. Pris en charge dès les années 60 par la commission de décolonisation de l'ONU, la question sahraouie est toutefois demeurée en stand-by tant du fait de l'absence d'une véritable volonté internationale à résoudre le problème dans le cadre du droit et des lois internationaux que des obstacles érigés tout au long de ces années par le royaume chérifien. De fait, le dossier sahraoui est simple dans son énoncé, un problème classique de décolonisation auquel s'appliquent les résolutions pertinentes de l'ONU y afférentes, cependant complexe dans la mise en oeuvre du processus référendaire, qui bute depuis de nombreuses années sur les atermoiements marocains. Mais en fait, les enjeux stratégiques, les intérêts des uns et des autres, le jeu malsain des grandes puissances, ont largement contribué au pourrissement de la situation, quoique les Sahraouis, - comme le réitérait l'ambassadeur sahraoui, Mohamed Yeslem Beïssat, lors de sa rencontre avec les journalistes de l'Expression - restent confiants en la légalité internationale -comme elle a su s'appliquer au problème, identique, du Timor-Oriental (Timor de l'Est) anciennement sous mandat néerlandais, et occupé par la suite par l'Indonésie - qui finira par triompher au Sahara occidental. Dans deux avis rendus en 1964 et en 1975, les deux fois à la demande de l'ONU, la Cour internationale de Justice, (CIJ) a, notamment dans son dernier avis rendu le 16 octobre 1975, constaté que le Sahara occidental ne constituait pas à l'époque de la colonisation (espagnole en 1884) un territoire sans maître mais qu'il n'était placé ni sous la souveraineté effective du Maroc et encore moins sous celle de la Mauritanie. Cela étant, la Cour internationale de justice a estimé applicable au Sahara occidental le principe d'autodétermination. Moins d'un mois après cet avis, le Maroc, dans ce qui a été appelé la Marche Verte, a envahi le territoire sahraoui le 14 novembre 1975. Répliquant à la provocation marocaine, le Front Polisario, qui a pris les armes contre la colonisation espagnole en 1973, proclame la (République arabe sahraouie démocratique RASD) le 27 février 1976. De Kurt Waldheim dans les années 70 à Kofi Annan, en passant par Javier Perez de Cuellar et Boutros Boutros-Ghali, quatre secrétaires généraux des Nations unies, ont tenté sans succès, jusqu'à maintenant, de faire appliquer au Sahara occidental les résolutions de l'ONU d'une part et mettre en oeuvre d'autre part les lois internationales, conformément à la lettre et à l'esprit de la Charte de l'ONU quant à la décolonisation. Peu disposé à se soumettre au droit international, le défunt roi du Maroc, Hassan II, a inventé, pour les besoins de la cause, ce qu'il a appelé « référendum confirmatif » allant à l'encontre de toute la jurisprudence internationale en matière de décolonisation. En effet, soit le territoire est marocain et alors il n'est nul besoin d'avoir recours au référendum, soit il ne l'est pas, ce qui est le cas, - comme le confirment les deux avis de la CIJ -, et dès lors le cas sahraoui est ouvert à une application pleine et entière du processus d'autodétermination. Ce que ne cesse de rappeler le Front Polisario qui ne demande que l'application dans son intégralité de la légalité internationale par la mise en oeuvre d'un processus référendaire transparent et loyal qui donne au peuple sahraoui de pouvoir s'exprimer librement sur son devenir. Mais il faut encore compter sur la volonté de la communauté internationale, - en fait ses membres influents qui jouent en coulisse -, pour que le processus d'autodétermination puisse être appliqué au Sahara occidental comme il l'a été au Timor Oriental, il est vrai après des années de tergiversations. Mais il a suffi que les pays ‘'influents'' lâchent le pouvoir de Jakarta pour que le processus référendaire s'applique au Timor sans problème. Si aujourd'hui le Maroc a réussi à bloquer depuis des décennies le processus d'autodétermination du peuple sahraoui, c'est dû non pas à la seule détermination de Rabat, mais surtout aux Etats, plus soucieux de leurs intérêts stratégiques et économiques, qui soutiennent en sous-main l'intransigeance du royaume chérifien empêchant de fait la légalité internationale de pouvoir s'exprimer dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc. Aussi, il appartient à l'ONU de faire respecter ses résolutions par tous, y compris par des pays qui s'estiment au-dessus des lois internationales communes qui s'appliquent à tous.