Malgré l'éradication du virus de la grippe aviaire dans certains pays et la réduction de la prévalence des infections dans d'autres, la souche H5N1 très pathogène du virus de la grippe continue de menacer les oiseaux sauvages et domestiques et les êtres humains du monde entier. C'est l'une des conclusions de la réunion technique internationale sur la grippe aviaire qui s'est tenue à Rome le 29 juin dernier. Parmi les 115 participants à cette réunion figuraient des représentants de 15 pays et de nombreuses organisations internationales et régionales, ainsi que des spécialistes indépendants. Cette réunion s'est tenue au moment où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que 317 personnes avaient été contaminées par le H5N1 depuis 2003 et que 191 d'entre elles en étaient mortes. L'un des principaux thèmes de la réunion de Rome a été la nécessité d'être vigilant. "Le H5N1 est un virus très tenace qui est en train de se propager chez les oiseaux domestiques et risque de muter pour se transmettre facilement à l'homme." dira un spécialiste. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l'OMS ont organisé cette réunion en collaboration avec l'UNICEF et le bureau du Coordonateur principal du système des Nations unies pour les grippes aviaire et humaine. Par ailleurs, plus de 250 millions de poulets sont morts du H5N1 ou ont été abattus pour stopper la propagation du virus. Les éleveurs et les producteurs de volaille ont ainsi perdu des milliards de dollars. "Dans les quelque 15 pays d'Asie, d'Europe de l'Est et du Moyen-Orient où le virus H5N1 est apparu au cours des six derniers mois, il a été rapidement détecté et supprimé ou endigué", a déclaré un haut responsable de la FAO, M. Joseph Domenech, lors d'une conférence de presse tenue à Rome. La plupart des pays touchés ont été très honnêtes au sujet des nouveaux foyers d'infection. Cela montre que les pays prennent le H5N1 au sérieux. Ils sont aujourd'hui mieux préparés et ont amélioré leurs systèmes de réaction. Cependant, les récents foyers d'infection recensés au Bangladesh, au Ghana, au Togo, en République tchèque et en Allemagne nous rappellent que le virus peut se propager rapidement dans de nouveaux pays ou réapparaître dans des pays qui avaient pourtant supprimé les foyers d'infection. Tant que le virus continuera d'exister chez la volaille, on ne pourra pas écarter le risque d'une pandémie humaine. Il faut donc se préparer à l'éventualité d'une pandémie. Selon le coordonnateur de l'ONU pour les grippes aviaire et pandémique, M. David Nabarro, la persistance du H5N1 dans des pays qui font tout pour le supprimer est une source d'inquiétude non seulement pour les collectivités touchées et les pays qui souffrent des conséquences, mais aussi pour le monde entier. Une partie de la solution, selon lui, consiste à faire en sorte que tous les pays soient prêts à réagir à une pandémie. Cela signifie que leurs systèmes de santé doivent être prêts à accueillir les malades et que le public doit comprendre les implications d'une pandémie. "Au moins 178 pays ont ébauché ou finalisé leur stratégie d'intervention en cas de pandémie", a dit M. Lange. De plus, le règlement sanitaire international révisé - qui impose des méthodes normalisées à suivre pour détecter et signaler des urgences sanitaires de portée internationale et pour y réagir - est entré en vigueur. le vaccin contre le virus nécessaire à la protection contre la pandémie, ne sera pas disponible avant cinq ou six mois. En conséquence, les stratégies locales qui n'exigent ni vaccins ni médicaments sont sans doute le meilleur moyen de retarder ou de contribuer à stopper la propagation d'une pandémie.