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L'autobiographie d'un énarque né dans les Aurès
Mohamed-Nadhir Sebaâ (Romancier)
Publié dans L'Expression le 09 - 04 - 2020

De nombreux romanciers et poètes algériens ont fait l'Ecole nationale d'administration. Il s'agit d'auteurs ayant marqué d'une manière ou d'une autre la scène culturelle et littéraire plus particulièrement. Parmi ces écrivains appartenant à la même génération et ayant fréquenté assidûment la prestigieuse ENA, et qui se sont propulsés allègrement et avec succès dans le monde de la littérature, on pourrait citer le regretté Hamid Nacer-Khodja et le poète de Tizi Ouzou Youcef Merahi, ainsi que Mohamed-Nadhir Sebaâ de Batna. Ce dernier a écrit et publié de nombreux romans dont l'un des plus importants de son parcours est sans doute « Le vent ne souffle pas au gré des navires ». Ce livre a été publié en 1991 par la défunte Enal (Entreprise nationale du livre). Il s'agit d'un roman émouvant où l'auteur raconte sa propre histoire. Celle de son enfance, de son adolescence jusqu'à l'âge adulte avec les premiers pas de l'auteur dans la vie professionnelle. L'auteur se fait appeler Wahib dans ce roman douloureux, mais plein d'enseignements, de rebondissements et de messages sur la persévérance dans la vie. Mohamed-Nadhir Sebaâ raconte une enfance marquée par des événements extrêmement affligeants, surtout pour un enfant en bas âge qui perd les siens l'un après l'autre. L'enfant accuse les coups, mais ne cède guère à la fatalité malgré la profondeur, de l'affliction que ces deuils successifs engendrent dans les tréfonds de son âme. Les deuils cèdent la place à un désert affectif qui ronge l'enfant Wahib. L'instabilité devient le lot quotidien de ce dernier.
Le personnage principal du roman, qui n'est autre que l'auteur, après les premiers chocs de sa vie, évolue alors en dents de scie. Il passe continuellement d'instants de désespoir absolu à d'autres moments où la vie et le courage d'affronter les entraves et les imprévus de l'existence reprennent leur place. Mais les drames qui s'abattent sur lui ne cessent pas. C'est comme si le destin lui en voulait. Sa vie prend l'allure d'un interminable tunnel. Il résiste toutefois malgré tout. Et c'est en forgeant qu'il devient forgeron. L'instabilité affective s'ajoute à l'instabilité géographique et scolaire. Tantôt, il vit dans sa ville natale Batna, tantôt dans des villes adoptives comme Skikda, Annaba ou encore Alger la Blanche. Certes, toutes ces épreuves affaibliront d'abord Wahib. Mais à force de subir les revers de la vie, sa personnalité se renforce. Il devient de plus en plus capable d'endurer les pires des situations. Y compris celle de la mort de son premier amour. Wahib poursuit son combat dans la vie en s'abreuvant de lectures qui remontent le moral dont les messages revigorants du sage universel Gibran Khalil Gibran. L'amour de la littérature continue donc à apaiser la douleur sempiternelle de l'enfant esseulé. Il devient un petit homme après maints combats. Malgré les aléas de l'existence et quelques échecs scolaires, dus à sa vie très difficile, Wahib parvient non seulement à arracher son baccalauréat, mais aussi à passer avec succès l'examen d'accès à l'Ecole nationale d'administration qui, n'était pas du tout à la portée de n'importe qui surtout à l'époque (l'auteur et né en 1956). Après d'âpres études à l'ENA où la scolarité n'a pas été de tout repos, il termine son cursus universitaire et effectue le Service national marqué par un épisode douloureux et émouvant également. Il s'agit de celui où est narrée l'intervention des forces de l'ANP pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre de Chlef. Comme dans un film de cinéma, le roman se termine sur une note d'espoir avec un événement heureux que vécut l'auteur et avec lequel il a choisi de terminer ce récit qui gagnerait à être porté à l'écran tant l'ensemble des ingrédients y sont réunis pour en faire un film qui pourrait tenir en haleine le spectateur tout en lui enseignant la principale leçon de la vie que transmet Mohamed-Nadhir Sebaâ au lecteur : la vie mérite d'être vécue malgré tout.

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