Les rumeurs couraient depuis plusieurs jours, déjà. Il y a de l'eau dans le gaz entre le maréchal Khalifa Haftar et le président du Parlement basé à Tobrouk, Salah Aguila. Un conflit aurait éclaté entre les deux hommes, avant que Haftar n'annonce avoir « reçu un mandat du peuple » pour diriger le pays. Cette nouvelle crise dans le sérail des dirigeants de l'Est serait à l'origine de la rencontre, hier, entre Aguila et l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, lors de laquelle il a affirmé respecter la feuille de route onusienne. Sans indiquer ses sources, le journal électronique Al Araby al Jadeed avait livré, voici trois jours, une information selon laquelle « Salah Aguila avait finalement avoué à des responsables égyptiens qu'il était impossible de parvenir à une résolution militaire du conflit libyen », et que, partant de ce constat, « il mobilisait toutes ses ressources, pour faire passer son projet, défiant Khalifa Haftar ». Les mêmes sources ajoutent que « Salah a indiqué aux présidents des commissions parlementaires qu'il est impératif de promouvoir l'initiative politique pour résoudre la crise libyenne, affirmant qu'elle était soutenue internationalement et demandant de ne pas prêter attention aux menaces lancées par Haftar». Quant à d'autres médias locaux, ils mettent l'accent sur un retour en scène discret de Seif El Islam, fils de Maâmar El Gueddhafi, qui est resté muet depuis sa libération « conditionnelle » par les milices de Zintan, l'an dernier. Ces sources estiment que Seif El Islam « cherche à exploiter la situation pour revenir au-devant de la scène politique libyenne », avec l'appui de la tribu des Gueddhadfa, basée à Syrte. C'est ainsi qu'il est fait état de « grandes manifestations, samedi », dans la soirée, durant lesquelles des centaines de jeunes faisaient du fils du Guide leur « porte-parole ». Cependant, cet événement a « fortement déplu aux autorités » et les forces de l'ordre ont tiré des balles réelles, à titre de sommation, pour disperser le mouvement. Autre « hypothèse » qui mérite le détour, d'autres sources libyennes, « généralement bien informées », parlent d'un plan égypto-émirati pour proposer au Conseil de sécurité de l'ONU un de leurs proches en qualité d'envoyé spécial de l'ONU en Libye, en remplacement de Ghassan Salamé. Une hypothèse qui ne résiste pas, cependant, à l'analyse car on voit mal comment le GNA de Fayez al Serraj donnerait un quelconque crédit à cette nomination. Toujours est-il que ces sources n'hésitent pas à affirmer que ce serait « le ministre des Affaires étrangères mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed qui serait le candidat pressenti », ajoutant que ce choix intervient « après que la nomination d'un Jordanien a été rejetée ». (Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a été l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen de 2015 à 2018, avant d'être nommé MAE de son pays, Ndlr) Elles soulignent, en outre, que « Le Caire et Abu Dhabi avaient tout fait pour empêcher la nomination du candidat algérien Ramtane Lamamra », et qu'il doit ce veto au fait que « son pays était attaché à l'accord de Skhirat ». Tout indique que la Libye n'est pas à l'abri de nouveaux bouleversements tant politiques que diplomatiques et c'est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité de l'ONU a, de nouveau, exprimé sa préoccupation face aux développements de la scène libyenne et des violations continues de la trêve près de Tripoli.