Un Mig-21 des forces aériennes de Khalifa Haftar a été abattu La question est pendante: comment parvenir à cette reconnaissance quand les intérêts des grandes puissances se télescopent et parasitent les efforts aussi bien du Groupe des pays voisins que des factions libyennes qui cherchent sincèrement une solution consensuelle au conflit? Encore un coup d'épée dans l'eau, la réunion organisée par le secrétaire général de la Ligue arabe samedi dernier, au Caire, en présence de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, avec les émissaires de l'ONU et de l'UA pour la Libye en vue de progresser dans la recherche d'une solution à la crise qui déchire ce pays a fait plouf. Bien entendu, cette initiative s'est achevée avec le soutien réitéré des participants au gouvernement d'union conduit par Fayez al Serraj qui peine à asseoir son autorité jusque dans la capitale libyenne, théâtre de violences ces derniers jours avec les milices du turbulent Ghweil qui conteste cette légalité au même titre que son rival de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar. Les représentants du Monde arabe, de l'Afrique, de l'Europe et des Nations unies ont mis l'accent sur l'importance d'un strict respect des accords de décembre 2015 dont ni Ghweil ni Haftar ne veulent justement entendre parler. D'ailleurs, les mêmes représentants ont reconnu que la situation n'incite pas à l'optimisme et qu'hormis quelques menus résultats dans la lutte contre Daesh, comme à Syrte, nombre d'obstacles se dressent encore devant le processus du dialogue inclusif. Martin Kobler, l'émissaire de l'ONU, a de ce fait exclu toute livraison d'armes à «l'armée nationale libyenne» du maréchal Khalifa Haftar tant que celui-ci n'aura pas reconnu la prééminence du Conseil présidentiel basé à Tripoli. Pour l'instant, on en est encore loin, même si les avis de toutes les parties internationales concordent pour dire qu' «un pays unifié a besoin d'une armée unifiée qui a naturellement besoin d'armes. Pour lever l'embargo, il faut avoir une armée avec une chaîne de commandement bien établie. Une armée qui rend des comptes au commandement suprême qui, conformément aux accords conclus, est le Conseil présidentiel». La question est pendante: comment parvenir à cette reconnaissance quand les intérêts des grandes puissances se télescopent et parasitent les efforts aussi bien du Groupe des pays voisins que des factions libyennes qui cherchent sincèrement une solution consensuelle au conflit? C'est ce qu'a dénoncé, il y a à peine cinq jours de cela, le président du Parlement, Salah Aguila, même si sa démarche aux côtés de Haftar conduit à tempérer les ardeurs quant à ses véritables motivations. Les combats qui ont opposé durant plus d'une semaine les milices des brigades de défense de Benghazi aux forces de Haftar, à Ras Lanouf notamment, et les affrontements entre les partisans de Ghweil et les milices de Misrata qui soutiennent le GNA de Fayez al Serraj à Tripoli même sont autant d'indicateurs pertinents de la complexité et aussi de l'instabilité des solutions alternatives. L'Egypte l'a expérimenté à ses dépens, en tentant d'organiser un tête-à-tête Haftar - Al Serraj le mois passé. Et le bras de fer permanent dans le croissant pétrolier, à l'Est de la Libye, entre l'ANL et les milices de toute obédience montre bien que le seul perdant reste le peuple libyen, six ans après la chute du régime d'El Gueddafi. Voici deux jours, un Mig-21 a été abattu par un missile à guidage thermique utilisé par les «groupes terroristes», à Soug el Hout, alors qu'il participait à des raids contre le bastion d'Al Sabri où le Conseil de la «Choura» (BDB), Daesh et Ansar al Charia, proche d'Al Qaïda, se seraient repliés, sitôt défaits à Benghazi. Dans le même temps, histoire de jeter un peu d'huile sur le feu, l'agence Reuters a évoqué la présence de forces spéciales russes à la frontière égypto-libyenne, citant des sources américaines et égyptiennes, information promptement démentie à Moscou. Le soutien affiché au maréchal Haftar et la visite effectuée par le vice-ministre des Affaires étrangères chargé de l'Afrique et du Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, mardi dernier, au Caire où il a rencontré des émissaires de Haftar et d'Aguila a tourné autour de la livraison d'armes déjà réclamée par le chef de l'ANL. Ainsi, la Russie qui s'efforce de reprendre pied en Libye après l'arnaque dont elle estime avoir fait les frais en 2011, quand l'Otan a outrepassé le mandat du Conseil de sécurité de l'ONU pour détruire le pays, veut-elle surveiller de près la situation tout en interdisant aux groupes terroristes de prospérer dans un magma plus que probable...