Fayez al-Serraj a reçu Abdelkader Messahel le 20 avril 2016 L'Algérie n'a cessé de déployer des efforts en vue de rapprocher les positions pour une solution politique durable à la crise, à travers le dialogue inclusif inter-libyen et la réconciliation nationale qui préserve l'intégrité, la souveraineté et l'unité de la Libye. Compte tenu des derniers développements de la scène libyenne, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, effectue à partir d'aujourd'hui une tournée qui doit le mener, dans un premier temps, dans la capitale Tripoli, puis dans d'autres villes et régions qui jouent un rôle particulièrement décisif dans la crise endémique observée depuis des mois. Annoncée par un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cette visite importante était envisagée depuis février dernier. Elle intervient à un moment particulier puisque, plus d'un an après la mise en oeuvre de l'accord de décembre 2015 conclu sous l'égide de l'ONU et à la concrétisation duquel la diplomatie algérienne a activement contribué, il s'avère que les objectifs visés ne sont pas atteints, loin s'en faut. Pis encore, la situation a évolué jusqu'à devenir explosive malgré les efforts soutenus du Groupe des pays voisins et les multiples appels au calme et à la retenue que l'ONU, l'Union africaine et la Ligue des Etats arabes ont maintes fois adressés aux parties en conflit. Comme le souligne le communiqué des AE, la visite de Messahel «s'inscrit dans le cadre des efforts constants que l'Algérie n'a cessé de déployer en vue de rapprocher les positions des frères libyens pour une solution politique durable à la crise à travers le dialogue inclusif inter-libyen et la réconciliation nationale qui préserve l'intégrité territoriale de la Libye, sa souveraineté et l'unité et la cohésion de son peuple» et elle «sera suivie par une autre qui concernera d'autres localités et régions de ce pays frère et voisin», selon la même source. Elle intervient trois jours après la lettre ouverte que Fayez al-Serraj, le Premier ministre du gouvernement d'union nationale reconnu par l'ONU, a publiée dimanche dernier dans laquelle il demande l'aide de la communauté internationale afin de «prévenir une escalade de la violence dans le sud du pays». Les forces du maréchal Haftar qui régentent l'est du pays tentent de prendre le contrôle d'un aéroport stratégique jusqu'ici tenu par les milices alliées du gouvernement al Serraj. C'est la première fois que le conflit larvé entre les deux hommes apparaît au grand jour, mettant aux prises le gouvernement d'union nationale et les troupes de Haftar qui soutient le gouvernement de l'Est et le Parlement de Tobrouk. N'ayant pas encore les moyens d'attaquer directement les milices de Misrata qui défendent le gouvernement d'union nationale à Tripoli, Khalifa Haftar a opté pour une offensive au Sud où d'autres milices, notamment celles de Zintan, mènent des attaques incessantes contre ses troupes et tentent de reprendre le contrôle des terminaux pétroliers que l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée a placés sous sa coupe en 2016. Le 5 avril, ces mêmes forces aériennes du maréchal ont opéré une attaque terrestre et aérienne pour s'emparer de l'aéroport de Tamenhant, situé à 600 km au sud de Tripoli, aéroport sous le contrôle des brigades de Misrata qui sont le bras armé du gouvernement de Fayez al-Serraj. D'où l'appel de ce dernier à une intervention de la communauté internationale pour mettre au pas le maréchal Haftar et calmer l'appétit grandissant de ses alliés. L'aéroport de Tamenhant est stratégique pour deux raisons. D'abord, il s'agit de la principale base militaire du sud-ouest du pays. Ensuite, il constitue l'une des principales portes d'entrée pour contrôler les champs pétroliers de Sharara et Al-Filoun, deux sites importants où sont recensées les principales réserves de pétrole dont dispose le gouvernement d'union nationale basé à Tripoli depuis que Haftar a fait main basse sur le croissant pétrolier. Autant de raisons qui font que le Premier ministre Fayez al-Serraj, agite la menace d'une «guerre civile» pour réclamer en urgence l'intervention de l'ONU, de l'Union européenne, et de la Ligue arabe. Cela sans préciser outre mesure le type d'aide attendue car il va de soi que le travail inlassable de la médiation algérienne et du Groupe des pays voisins a contribué à écarter toute éventualité d'une intervention militaire directe. Cette «sortie» d'al Serraj peut également s'expliquer par le fait que le Parlement élu libyen, a appelé le mois dernier à la tenue d'élections législatives et présidentielle avant février 2018, faisant abstraction de la situation sécuritaire du pays pour mettre l'accent sur «l'illégalité» du Conseil présidentiel et du GNA issus de l'accord de 2015. Objectivement, les conditions sont loin d'être réunies pour que la Libye puisse élire un nouveau président et de nouveaux députés siégeant à la Chambre des représentants d'ici février 2018, soit moins d'une année. Au regard des tensions graduelles et des conditions sécuritaires qui voient les groupes terroristes proliférer dans le sud du pays, l'invite exprimée par Salah Aguila, le président du Parlement de Tobrouk, semble davantage une «provocation» qu'un programme effectif. En effet, le pays est en guerre et exige d'être conduit au plus vite à une situation stable, de nature à favoriser la restauration de la paix et de la réconciliation. C'est ce à quoi va s'employer, avec son empathie et son abnégation coutumières, Abdelkader Messahel, fort de l'équidistance de la position algérienne vis-à-vis de toutes les parties en conflit...