A 1 280 km de la capitale des îlots au milieu d'un océan désertique, la région de Timimoun s'offre à nous. Une nature splendide irréelle nous ouvre les bras et nous fait croire un instant que le temps s'est arrêté. Dans les profondeurs de la magnifique ville se cachent des secrets comme pour ne point embarrasser le visiteur. Un sourire forcé de Timimoun rongé par le désespoir et les souffrances de ses habitants. Ecrin splendide sans doute, mais isolé dans le désert ; Timimoun n'a rien à offrir à sa population sportive notamment, et la situation est loin de satisfaire les amoureux d'un secteur pratiquement délaissé. Notre opinion n'est pas due au hasard. Elle est le constat de notre visite dans cette région lors de la semaine olympique qui a eu lieu du 24 au 28 décembre. Cette initiative, première du genre, a été prise par le Comité olympique et la compagnie aérienne privée Khalifa Airways. Une manifestation qui avait pour objectif d'apporter aux jeunes l'espoir de bien faire et arriver à améliorer le niveau technique dans le grand Sud. Douze disciplines étaient au programme de cette manifestation qui a vu la participation des athlètes de 14 wilayas. Dès le premier jour, le public timimouni était présent, avide de voir et de connaître, ne ménageant pas ses applaudissements. Pour les sportifs locaux et les Timimounis en général, c'était la grande découverte et aussi la grande fête. Sevrés qu'ils étaient de ce genre de manifestations. Parmi la grande foule, un spectateur nous avoue: «J'ai 28 ans. Je suis né à Timimoun. Pour les gens de cette région, le sport est le dernier de leurs soucis. Ce n'est pas notre faute. Enfant, Je n'ai jamais possédé un ballon ou même la possibilité de jouer sur un terrain. C'est le cas de la plupart des enfants et vous savez ça continue toujours. Cela est dû, entre autres à l'inexistence d'infrastructures sportives dans notre région.» Un autre cas nous a surpris: «Je suis un karatéka depuis l'âge de 6 ans. Aujourd'hui, j'ai 16 ans et je suis ceinture jaune. Nous nous entraînons dans des conditions extrêmement dangereuses. Les judokas s'entraînent sur des tapis qui ne sont pas réglementaires.» Deux points de vue qui disent bien la misère sportive dans laquelle se trouve une ville dont adultes et enfants ne demandent qu'à s'adonner à la pratique sportive. Ce que confirme indirectement la DJS du chef-lieu de wilaya. D'après son bilan , seize organisations sportives dans la commune de Timimoun sont actives. Elles regroupent 772 sportifs dans plusieurs disciplines: football, handball, basket-ball, judo, boxe, karaté, athlétisme et cyclisme. Mais selon ce que nous avons pu constater sur place, ces structures sont en hibernation. Cette situation est due, selon les intéressés, au manque de moyens matériels et de ressources financières. D'ailleurs, les athlètes timimounis sont souvent absents dans plusieurs compétitions. Explicitant cette absence, un président d'une association nous déclare: «Nous voulions bien prendre part aux manifestations sportives afin de permettre aux jeunes athlètes de s'aguerrir à la compétition. Cependant nos athlètes manquent d'entraînement et ne sont pas préparés à ces confrontations sportives. Par ailleurs, les cyclistes ne sont même pas assurés. Nous voulions à tout prix éviter les mauvaises surprises. La marginalisation a été de tout temps le lot du grand Sud, bien que certains sportifs de ces régions disposent de grandes capacités. D'ailleurs, plusieurs athlètes ont été découverts durant ces compétitions.» Pour preuve, des techniciens participant à cette rencontre olympique ont décidé d'intégrer certains athlètes qui ont réalisé des performances notables dans des équipes du nord du pays ou au lycée sportif de Draria. Au total, ils sont onze basketteurs et huit judokas du Grand Sud a être ainsi pris en charge. Mais les Timimounis n'ont pas eu cette chance, car ils sont encore loin du niveau national, excepté quelques éléments évoluant dans les clubs des grandes villes. Cependant, l'organisation de cette manifestation sportive a été bénéfique pour les gens du Grand Sud, puisque le wali d'Adrar a affirmé à plusieurs reprises que la wilaya allait entamer la construction d'une piscine et d'un complexe olympique dans la commune de Timimoun, à Gourara plus précisément. Selon le wali, les infrastructures olympiques répondront aux normes réglementaires dans la mesure où l'unique salle omnisports qui se trouve dans cette région ne répond pas aux normes nationales et internationales. Elle n'avait de salle que le nom, puisque dépourvue de panneaux, de tableau électronique d'éclairage et de tapis pour les arts martiaux. Principal initiateur et organisateur de cette manifestation sportive inédite dans le Grand Sud, le président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, ne manquera pas de dire sa satisfaction quant au succès qu'elle a rencontré: «Notre but est atteint, nous avons réussi à sensibiliser les autorités afin de permettre au sport dans le Sud de percer et ainsi contribuer à sa promotion. Nous sommes toujours prêts à nous mobiliser pour que le sport retrouve sa place dans cette région du pays. La collaboration de Khalifa Airways a été bénéfique. Sans sa participation, notre mission aurait été difficile, vu le nombre de participants.» En somme, les gens du Sud ont été ravis de ces manifestations sportives. Cependant, les Timimounis auxquels on a ouvert pendant une semaine les portes de l'espoir, restent quelque peu incrédules, échaudés par les expériences antérieures restées sans suite. Ainsi, le président d'une association sportive résume la situation: «Vous venez, vous repartez. Nous, on reste. Nous souffrons malgré nos appels de détresse. Nous recevons des promesses qui ne sont pas toujours tenues. Peut-être cette fois-ci, la chance sera de notre côté. On ne sait jamais. En attendant, nous tenons à dire que cette manifestation a connu une grande réussite, car elle a suscité un grand espoir dans les coeurs de nos jeunes sportifs.»