Bonjour la concurrence et tant mieux pour le simple citoyen. S'il est un secteur qui a le vent en poupe dans notre pays, c'est bien celui de la téléphonie. Il est vrai qu'il le doit jusque-là au mobile mais aussi et surtout à l'avènement de la concurrence. Car et à bien y voir la révolution en cours, il s'agit bien d'une véritable révolution qui touche tous les segments des technologies nouvelles et en particulier ceux des télécommunications. Nul besoin de rappeler ici le marasme dans lequel était plongé depuis la nuit des temps ce secteur. Du temps où l'employé du téléphone était plus courtisé qu'un membre du gouvernement comme celui du Souk-El-Fellah du coin d'ailleurs. Du temps où les attributions de lignes relevaient du ministre des P et T lui-même. Du temps où la puce coûtait 25.000 DA. C'était hier. Aujourd'hui, le cours des événements a changé. Le consommateur longtemps ignoré, voire méprisé, subit une drague en règle à la limite du harcèlement par la pub, par des prix constamment à la baisse, par des services de plus en plus alléchants, par, par,... Cette métamorphose que vit notre société ne peut qu'être applaudie. Avec un souhait cependant : celui de gagner tous les autres secteurs. Comme celui de la pêche, des transports, du tourisme et bien d'autres. Ceci pour dire que ce qui a été possible pour le secteur de la téléphonie pourquoi ne le serait-il pas dans les autres? Il est vrai que c'est un tout autre débat. Donc le téléphone en Algérie n'est plus ce qu'il était. Et quoiqu'on dise ce n'est pas seulement le mobile qui offre le changement en profondeur. C'est une technologie qui est récente de par le monde. Par contre, le téléphone fixe traîne toute une histoire derrière lui qui s'intègre parfaitement à notre sociologie. Parmi les obstacles qui freinent l'investissement, l'attribution de lignes téléphoniques n'est pas des moindres. La maintenance également. Et si le mobile a consolé de nombreuses familles en attente d'une ligne depuis des années, celui-ci est encore loin d'être la panacée dans le domaine des activités notamment pour le fax et l'accès Internet. Ce qui, en définitive laisse la part belle au fixe qui a de beaux jours devant lui. Voilà en quoi l'introduction du WLL (Wireless Local Loop) qui veut dire boucle locale radio. Pour simplifier, il s'agit d'une ligne téléphonique fixe qui ne nécessite aucun câble (du moins au dernier kilomètre comme disent les professionnels) pour être installée chez l'abonné. Il suffit de faire sa demande, de payer (là aussi les prix ont tendance à la baisse) et vous ressortez aussitôt avec votre ligne de téléphone sous le bras. En fait, un terminal. Le procédé est une invention américaine dont le but premier est de désenclaver certaines régions difficiles d'accès. L'opération, chez nous, a été lancée officiellement en août 2004. C'est une entreprise chinoise, ZTE, qui a été chargée du premier projet de 120.000 lignes au bénéfice de 43 wilayas. Une année et demie après, le succès aidant, un deuxième projet est attribué à une autre entreprise, toujours chinoise «Huawei». Ce qui a permis d'atteindre aujourd'hui la capacité de 870.000 lignes. Et c'est encore insuffisant. Car si dans les montagnes de Kabylie et aux confins du Sud la formule est la plus appropriée d'où une demande croissante, nos villes aussi en ont grandement besoin. Pour plusieurs raisons: économiques, urbanistiques, de maintenance et... de salubrité publique. Explications. Au-delà de la facilité de «pose» (nul besoin de tranchées ni de pylônes) pour les régions enclavées, celles-ci partagent des intérêts communs avec les villes comme par exemple la disparition des fameux services des dérangements ou encore les actes de piratage à partir des anciennes armoires de quartiers (répartiteurs) voire même à l'intérieur des immeubles. Plus d'enchevêtrements de câbles qui «coulent» le long des façades et les défigurent. Plus d'interventions chez l'abonné. Plus de dérangements à répétition. Plus de pannes sans dépanneur. Plus de «tchipa». Et c'est ainsi que reculent ces maux sociaux que sont la corruption et le clientélisme. Même les voleurs de câbles en cuivre n'auront plus rien à mettre dans leurs besaces. A Alger, 42.000 lignes ont été attribuées à ce jour. Les autres villes du pays suivront. «Notre objectif est d'atteindre une capacité nationale de 10 millions de lignes à l'horizon 2008», nous révèle M.Ramrani Lyès, sous-directeur de la boucle locale radio et directeur du projet WLL national à Algérie Télécom. Et 2008, c'est demain. A la quantité s'ajoute la qualité puisqu'il est prévu incessamment de fournir par ce moyen et à travers le WLL EV/DO (Evolution Data Online), le haut débit (jusqu'à 2 méga) pour l'accès à la toile ce qui autorisera la visioconférence et la vidéo. Dernier détail pour mieux mesurer l'intérêt du WLL: «pour ce qui est des coûts, une ligne filaire (avec câbles) revient à 74.000 DA tandis qu'une ligne WLL nous coûte 44.000 DA.» Faites les comptes ! semble vouloir nous dire M.Ramrani en nous livrant cette précision. Le marché du WLL est tellement prometteur qu'un nouvel opérateur privé «Lacom» vient de s'y faire une place. Bonjour la concurrence et tant mieux pour le simple citoyen. Sauf que, il faut bien le dire, Algérie Télécom traîne dans ce projet au moins deux handicaps. Le premier vient de la décision du chef du gouvernement qui ne permet pas aux entreprises publiques d'utiliser les publications privées (à part deux ou trois dérogations) pour leurs pubs tandis que le second est dû au fait que le WLL n'ait pas été filialisé à l'instar de «Mobilis» pour le mobile. Pour un meilleur management débarrassé des fioritures de la bureaucratie. Le WLL n'en est qu'à ses balbutiements mais déjà il produit ses bienfaits. Après la formule location-vente du terminal, le prix de celui-ci a été revu à la baisse de manière drastique. Aujourd'hui, il est question de supprimer carrément le prix de l'abonnement. Maintenant que la manière de «dépolluer» un secteur est connue, à quand la crevette à 200 DA le kg?