Entre les sacrifices que la femme a consentis et les acquis qu'elle a obtenus, l'écart est grand. Elle a été consacrée mère de l'Algérie pour l'année 2005. Elle a obtenu, en 2004, le Prix international pour l'action en faveur de la mémoire et pour la solidarité avec les victimes du terrorisme. Mme Saïda Benhabyles, présidente du mouvement féminin algérien de solidarité avec la famille rurale, engagée dans les combats en faveur de la femme algérienne, s'exprime dans cet entretien qu'elle nous a accordé sur la position et le rôle de la femme algérienne dans la société. L'Expression: A l'instar des autres pays, l'Algérie célèbre aujourd'hui la journée internationale de la femme. A cette occasion, quelle est, selon vous, la place de la femme algérienne dans la société? Saïda Benhabyles: La femme algérienne peut être mieux qu'elle ne l'est aujourd'hui pour la simple raison qu'elle est une femme d'engagement et d'honnêteté, de courage et d'abnégation. Entre les sacrifices que la femme a consentis et les acquis qu'elle a obtenus, l'écart est grand. Pouvez-vous nous donner davantage d'explications? Je prends l'exemple de la participation de la femme algérienne dans le domaine politique, plus précisément dans les institutions élues, j'estime qu'elle demeure faible si on sait que seulement 6,8% des femmes sont représentées à l'APN. Quant aux femmes sénateurs, leur nombre a régressé de 8 à 4, soit une diminution de 50%. Cela démontre que la volonté politique affichée par les partis politiques concernant le rôle de la femme demeure au niveau des promesses et des discours. C'est vrai qu'un effort a été fait dans ce sens mais, beaucoup reste à faire. A votre avis, quelles sont les raisons qui ont «affaibli» le rôle de la femme algérienne sur ce plan? Il faut que je souligne que les associations féminines ont également leur part de responsabilité. Qu'est-ce qui a été fait jusque-là pour promouvoir le rôle et la position de la femme algérienne? Le 8 mars n'est pas un jour de fête pour moi, c'est un jour de bilan. Je me suis rendue compte que l'une des raisons consiste en le manque de solidarité inter-femmes. Il faut que les femmes réussissent à s'imposer. Il faut qu'elles mettent en relief les compétences féminines. Le problème je ne le pose pas en termes de problématique femme-homme mais en termes de complémentarité. Qu'en est-il de la femme rurale? On a tout le temps tendance à faire croire que seules les femmes d'un certain niveau peuvent être démocrates alors que ce n'est pas vrai. Les femmes rurales sont aussi profondément imprégnées des valeurs universelles. La femme algérienne est un exemple à suivre pour la simple raison qu'elle ne conditionne pas son courage et son abnégation. Il faut que les autorités publiques comprennent que ce courage mérite un peu plus d'acquis à travers des actions concrètes. Peut-on connaître le rôle de votre association dans la promotion de la femme? Notre association a décidé d'accompagner sur le terrain les décisions politiques du président de la République car ces décisions doivent être soutenues par un travail de proximité quotidien qui leur permettra de bénéficier réellement de mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Nous avons ainsi entamé depuis février 2005, un travail d'écoute à destination des familles et des femmes qui souffrent en silence plus particulièrement aux victimes de la tragédie nationale. Elles arrivent ainsi à la conclusion que seule la réconciliation nationale va permettre à leurs enfants d'avoir un avenir sécurisé et là c'est la sagesse qui a dominé.