Il s'est interrogé sur l'intérêt affiché par certains importateurs de médicaments pour cet antiviral. Le groupe pharmaceutique Saidal attend le feu vert des autorités concernées pour lancer la production de l'antiviral Saiflu. «Le groupe s'engagera à fabriquer 6 millions de boîtes de Saiflu d'ici la fin juillet si les usines commencent la production de cet antiviral à partir de ce mois», a affirmé le patron du groupe, M.Ali Aoun. Mais la mission de Saidal est loin d'être aussi simple que cela paraît. En effet, nous apprenons par la voix de notre interlocuteur que le médicament n'a pas encore été enregistré par les services du ministère de la Santé, «lesquels ont été pourtant destinataires d'un dossier détaillé et complet». A titre de rappel, cette procédure administrative routinière ne prend pas plus d'une semaine. «Comment explique-t-on ce retard dans ce cas précis?» L'invité de notre rubrique «A Coeur ouvert» s'est montré très confiant. «Je pense que nous aurons l'aval du ministère dans les prochains jours». Ce qui est sûr, ajoute M. Aoun, c'est que «le temps joue contre nous». Le groupe, qui a signé le 15 février dernier avec le laboratoire indien Hetero Labs Limited un accord de partenariat pour la fabrication de l'antiviral Saiflu, est même prêt à lancer la machine de production avant même l'obtention de l'aval. Il faut dire que, au jour d'aujourd'hui, ce n'est pas le problème qui préoccupe le plus M.Aoun. Saidal, qui s'est engagé dans un investissement qui s'élève à 12 millions d'euros, n'a pas encore réceptionné les bons de commande de la Pharmacie centrale. Il faut savoir que le stock de sécurité qui couvrirait les besoins nationaux en cas de pandémie de grippe aviaire en Algérie sera mis à la disposition de la Pharmacie centrale PCH, qui, elle, est sous tutelle du ministère de la Santé. Mais cette dernière, à l'heure où nous mettons sous presse, n'a encore introduit aucune commande auprès de Saidal. Pour comprendre la problématique, il faut savoir que le bon de commande constitue une garantie financière pour Saidal «C'est un problème de santé publique, notre groupe n'est pas prêt à supporter le coût (12 millions d'euros) tout seul». «Pour le moment on n'a pas besoin d'argent mais seulement de bon de commande pour démarrer la production», assure M.Aoun. A retenir qu'aujourd'hui, seulement 10.000 doses de Tamiflu sont disponibles en Algérie. Ces doses représentent la quantité importée par la tutelle au mois de décembre 2005 de Suisse, au moment où la menace d'une pandémie se précise, avec l'enregistrement de nouveaux cas de grippe aviaire chaque jour. Quant à Saidal, elle va réceptionner la matière première dans les jours à venir et commencera à produire le Saïflu, même sans les bons de comman». L'outil de production étant aussi disponible. «Nous pouvons produire 30.000 boîtes par jour en une équipe.» Le principal groupe pharmaceutique algérien ne prend-il pas de risques financiers? «A l'heure actuelle, c'est la santé des citoyens qui nous préoccupe», lance Aoun. Quant au financement, Saidal espère les régler avec son principal partenaire le Crédit populaire algérien (CPA). Nous apprenons, dans ce sens, que les premiers contacts ont eu lieu cette semaine. Aoun ne compte surtout pas baisser les bras: «Aucun problème ne peut entraver notre détermination à concrétiser ce projet», a tenu à rassurer M.Aoun. Il est important de signaler que la fabrication de ce produit en Algérie coûtera moins cher que son achat à l'étranger. «Actuellement, la boîte de Tamiflu coûte 34 euros en France. Mais sa production en Algérie coûtera environ 1400 DA seulement.» Le médicament sera distribué gratuitement par les pouvoirs publics dans les premières 48 heures qui suivent les premiers symptômes, dans le cas où le virus de la grippe aviaire H5N1 serait déclaré dans notre pays. L'Algérie couvrira avec les 7 millions de boîtes commandées chez les laboratoires Roche, 40% de la population. Ainsi, l'Algérie assure plus que les normes préventives de couverture recommandées par l'OMS. Cette dernière recommande de couvrir 25% de la population. Le premier responsable du groupe Saidal s'est montré peu prolixe sur la sortie du ministre de la Santé, M.Amar Tou, lequel avait déclaré mercredi dernier sur les ondes de la Chaîne Une de la radio nationale, qu'il «ignore la nature du contrat que le Groupe pharmaceutique avait signé avec le laboratoire indien». «Je n'ai aucun commentaire à faire sur ce sujet», a-t-il déclaré, avant d'apporter les éléments suivants:De prime abord, le ministre de la Santé était convié à la cérémonie de signature, ce dernier a dépêché son directeur central chargé de la Pharmacie. Ensuite, une fiche technique détaillée sur le contenu du contrat a été envoyée la veille de l'événement au ministère. Enfin, les négociations avec Hetero Labs Limited datent depuis près de quatre mois, «l'accord donc ne s'est pas fait dans la précipitation». Trois précisions de taille. Comment justifier les déclarations de M.Amar Tou? M.Aoun ne préfère pas s'étaler sur ce sujet. Par ailleurs, il s'est interrogé sur l'intérêt brusque né chez certains importateurs de médicament pour l'antiviral Tamiflu. «Des dossiers d'importation sont déposés au niveau du ministère». Personne n'a parlé de Tamiflu, «il a fallu que Saidal se lance pour qu'il y ait des répliques dans le territoire des importateurs». Cette situation, reconnaît notre invité, «nous gêne énormément puisque on sera traité sur un pied d'égalité que les autres, sachant que notre démarche est dépourvue d'arrière pensée commerciale».