La mouvance islamiste se distingue par son «ankylose» sur la question de la nature du système politique et ses fondements. Cela est devenu légion, surtout quand il s'agit d'une démarche politique qui traite des aspects relevant des choix stratégiques en rapport avec l'Etat et ses institutions. Certains croient avec crédulité que ladite mouvance n'est pas homogène dans son approche, ils la présentent comme une mouvance disparate et hétéroclite. Cette lecture naïve et simpliste gagne y compris la sphère dite d'élite qui fait dans le brouillamini quant à la genèse et les fondements doctrinaux de la nébuleuse islamiste. Il suffit de suivre les déclarations de cette mouvance dans toutes ses variantes sur la question de la Constitution pour se rendre compte que les islamistes sont tous d'accord, voire en synergie par rapport à l'essentiel, à savoir la chari'a comme élément dorsal et prépondérant dans leur discours et finalité de leur pratique politique. De Makri que certains présentent comme l'aile et variante modérée de l'islam politique, à Djaballah dont le discours radical se fait manifester via ses appels à asseoir la solution de l'Etat islamique, la démarche est la même, il s'agit d'un lexique et un corpus foncièrement théologique et aux antipodes de l'approche citoyenne et républicaine. Il y en a qui ont même qualifié la Constitution comme élément relevant de l'hérésie, ceux-là sont aujourd'hui dans le Hirak pour le teinter de leur variante islamiste et théocratique en négation avec les attentes et les aspirations de la majorité des Algériens et des Algériennes qui se battent pour une Algérie démocratique et sociale. La dernière sortie de Makri fait rappeler les initiés et les néophytes de la politique que les islamistes ne sont pas solubles dans la démocratie, ni dans le jeu pluraliste. Quand Makri s'attaque à la laïcité en confondant sciemment et d'une manière perfide patriotes et laïques, cela participe dans le dévoiement voulu du débat sur la Constitution en l'orientant vers des sentiers dont la finalité ne peut être qu'une situation de conflit sociétal sur fond d'une lecture étroite remettant en cause les dynamiques et les tendances générales qui animent la société en profondeur. Cette logique biscornue n'est pas fortuite au niveau des promoteurs de ce discours unilatéral et antidémocratique, il s'inspire d'une pratique vieille de cette mouvance qui excelle dans l'entrisme et le jeu de la versatilité. Idem pour le président du FJD, Abdallah Djaballah en l'occurrence. Cet islamiste ne rate jamais l'occasion pour rappeler que la chari'a est l'objectif final. Pour lui, la Constitution doit s'arrimer avec les «préceptes» islamiques comme référence identitaire et système de gouvernance. Le débat pour la mouvance islamiste n'est pas celui qui concerne l'ensemble des protagonistes politiques et représentants des dynamiques sociétales dans le pays, loin s'en faut. La société est réduite à une valeur dont la pensée obscurantiste et théocratique doit être déterminante et imposante au sein des institutions de l'Etat et dans les structures de la société. Les islamistes savent que l'enjeu est en leur défaveur en termes de conjoncture, ils se laissent enrôler dans un processus politique pour maintenir leur présence et leur infiltration dans les structures et institutions de l'Etat et de la société en recourant à la méthode de l'embuscade pour agir au moment voulu. La dernière sortie des partis islamistes montre que ces derniers usent de tous les moyens pour arriver à leur fin, à savoir la mise en place d'un régime théocratique et obscurantiste. Même si parfois ils font recours à un discours teinté de vocables empruntés au corpus rationnel et moderne sur des questions qui ont trait aux thèmes dont la question doctrinale n'est pas engagée. La menace de ce discours est permanente dans la mesure où cette mouvance ne veut pas revoir sa démarche et réviser ses pratiques. La prudence reste de mise face à cette menace étant donné que le projet auquel ils croient doit faire office d'une lutte féroce pour le réaliser et le concrétiser.