Bientôt la mouture de l'avant-projet de la révision de la Constitution sera «peaufinée» pour pouvoir la remettre sous un autre «look» aux citoyens pour qu'elle soit soumise au référendum. Cette question qui a trait à la révision de la Constitution intervient dans un contexte particulier, à savoir la crise sanitaire majeure de Covid-19 et ce qui en découle comme conséquences sur la vie politique, économique et sociale du pays. Ce contexte donne l'impression que le débat politique autour de la mouture de la révision de la Constitution est réduit à une sphère précise, mais la réalité du terrain montre clairement qu'il y a plusieurs variantes et courants politiques qui se sont partagés le débat autour de ladite mouture en question. Certes, le débat est animé sur fond d'approches idéologiques et doctrinales, ce qui donne une signification à ce débat en se démarquant d'une manière claire et nette de beaucoup de questions qui reflètent la démarche propre de chaque variante et tendance en présence sur l'échiquier politique. Les contradictions sont facilement décelables quant au débat autour de la mouture, cela renvoie beaucoup plus aux différences et nuances, voire des lectures antagoniques et composites desdits variantes et courants politiques. L'exemple des représentants de la plate-forme de l'alternative démocratique (PAD) est édifiant à ce propos. Ce courant ne veut pas entendre parler de la révision constitutionnelle sachant que certaines parties qui sont à l'intérieur du PAD ont entériné les trois amendements et révisions initiés par le président déchu. Cette attitude qui veut que les adeptes de la plate-forme de l'alternative démocratique rejettent d'emblée la révision de la Constitution et optent pour la constituante, c'est-à-dire une Assemblée constituante qui se chargera de l'écriture et la rédaction d'une nouvelle Constitution comme émanation de cette démarche constitutive en remettant en cause toutes les institutions et le processus institutionnel qui s'est vu édifier depuis l'indépendance du pays. Le problème qui caractérise ce courant, somme toute hybride et hétérogène, est constitué de deux conditionnalités: le choix de la constituante et une transition qui préparera la mise en place de ce mécanisme. Ce courant est minoritaire et il ne dispose pas de moyens politiques et techniques pour peser de sa force en termes de mobilisation populaire pour mener à bon terme sa logique basée sur le choix de la constituante. Surtout que les forces et les courants avec qui cette variante, c'est-à-dire le PAD, va gérer ce «processus transitoire» sont aux antipodes des fondements constitutifs de sa doctrine et de son projet. C'est un choix fait dans la foulée du Mouvement populaire sans pour autant avoir une appréciation objective et sérieuse de la finalité de ce choix et les tenants et aboutissants de cette approche. Quant à la deuxième variante pour ne pas dire une mouvance, allusion faite au courant islamiste et ses variantes, le débat est centré sur les aspects purement doctrinaux en termes de lecture théologique avec un référentiel quasiment anachronique et qui ne tient pas compte de l'évolution historique et politique des sociétés et leurs interactions. C'est la lecture relevant d'une clôture dogmatique chère aux islamistes. D'ailleurs, cette démarche ne veut pas du tout entendre parler de la mouture de la révision constitutionnelle si la forme et le contenu sont en «contradiction» avec son corpus où le fondement religieux et théologique est déterminant. Cette approche totalitaire se propose comme négation de l'esprit et de la lettre de toute démarche constitutionnelle, elle s'inscrit en porte-à-faux de la pratique moderne de la politique et de la démocratie. Cette mouvance ne cherche pas à s'inscrire dans la logique constitutionnelle comme expression de la légalité et la légitimité, elle veut faire des institutions de l'Etat juste un piédestal pour réaliser son objectif consistant à substituer la Constitution par «la charia» tous azimuts. Donc, les choses sont claires, les déclarations de cette mouvance se rejoignent dans le fond, c'est l'aspect théologique qui doit primer sur toute autre valeur et conception de la gestion des affaires de la cité. La troisième variante s'exprime à travers sa lecture des évolutions politiques en se référant à l'approche pragmatique qui croit en le processus de dialogue y compris autour du débat sur la mouture de la révision de la Constitution. Les critiques qui sont apportées à la mouture font partie d'une lecture qui reflète les enjeux en cours et les évolutions imposées par la nouvelle situation politique qui caractérise le pays en général.