L'Algérie est le premier partenaire stratégique de la Russie dans le monde arabe, selon Poutine. La visite du président russe, Vladimir Poutine, à Alger a été fructueuse. Les deux chefs d'Etatc ont signé 4 protocoles d'accords «portant sur les relations économiques et financières et le traitement de la dette contractée par l'Algérie auprès de la Russie, la non double imposition, la promotion et la protection des investissements et la coopération entre les Chambres algérienne et russe de commerce et d'industrie». Il s'agit de reconversion de la dette algérienne de 4,7 milliards de dollars dont une part importante est destinée à l'achat d'équipements militaires. Le président Poutine a indiqué que «l'Algérie a été le premier pays arabe avec lequel la Russie a signé un accord de partenariat stratégique» et que les relations algéro-russes «remontent à plusieurs années». Comme il a relevé que les deux pays se sont mis d'accord pour élargir cette coopération au domaine de la construction mécanique, au secteur de l'énergie et aux transports. Poutine a affirmé avoir fixé avec le président Bouteflika «les orientations et les formes de coopération» qu'il a qualifiée de «très prometteuse pour l'avenir», soulignant que «beaucoup de sociétés russes sont déjà sur le marché algérien et comptent élargir leur présence». NTV, une chaîne de télévision russe, a annoncé -la veille de la visite de Poutine à Alger- une série d'accords et de contrats dans les domaines de l'énergie et la réalisation de routes et de voies ferrées. Mais le gaz représente, après les armes, le volet le plus important de cette coopération. Rappelons que, lors de la visite d'une délégation du géant Gazprom à Alger au mois de février, il était question de la signature d'un accord gazier avec Sonatrach relatif à la prospection, l'extraction, le transport, le traitement et la commercialisation du gaz naturel. Cette initiative conjointe est venue après le litige qui a opposé la Russie à l'Ukraine. Certains ont avancé la substitution par le gaz algérien. Le ministre algérien de l'Energie a aussitôt démenti cette éventualité en indiquant que l'Algérie n'a pas les capacités pour remplacer la Russie en matière d'approvisionnement de l'Europe en gaz . L'Algérie est toutefois le second pays exportateur de gaz, après le Nigeria, en Afrique, avec des réserves de 4,5 milliards de m3. Le conflit ukrainien a poussé la Russie à mettre en marche sa machine diplomatique pour convaincre l'Algérie de ne pas trop s'aventurer dans cette affaire. Ce qui justifie en partie la déclaration de Chakib Khelil et la visite express du président russe à Alger, vendredi dernier. Rappelons que l'Algérie exporte le gaz par gazoduc vers l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Tunisie et la Slovénie et sous forme liquéfiée vers les Etats-Unis, la France, la Turquie, la Belgique, la Grèce et la Corée du Sud. La Russie a énormément perdu de terrain face aux Européens et aux Américains et ne veut en aucun cas entrer en compétition avec l'Algérie. Bouteflika a saisi l'opportunité pour remettre sur le tapis la question du Sahara occidental dans son allocution de vendredi, lors du déjeuner offert en l'honneur du président Poutine.L'Algérie se redéploie ainsi sur le terrain diplomatique pour gagner quelques points en contrepartie de son recul gazier. La déclaration de partenariat, signée entre les deux pays en 2001, vient de se concrétiser pour lui donner «un caractère stratégique». De leur côté, des parlementaires du Congrès américain ont abordé les questions énergétiques avec leurs homologues algériens, lors de leurs visite à Alger en janvier dernier. L'Algérie s'est positionnée, malgré elle, en rivale face à la Russie. Les Américains ont reconquis du terrain pendant la dernière décennie en signant des contrats importants avec Sonatrach dont un protocole d'accord récent (signé en 2005) avec la société Sempra LNG, filiale de Sempra Energy, qui permet d'approvisionner le marché américain avec un volume allant de 250 à 500 millions de pieds cubes par jour de GNL sur une durée de 20 ans .Un accord conclu avec Valero permet à Sonatrach de vendre «90 millions de barils de pétrole brut sur une période de 5 ans», correspondant à 5 millions de barils par trimestre à partir de 2007. Le coût est estimé à 5 milliards de dollars. L'ex-Urss qui fut un partenaire primordial de l'Algérie en voie de développement et qui a, elle aussi, subi les freinages économiques, dus au passage à l'économie de marché, a beaucoup perdu de son influence. Aujourd'hui, la Russie veut rattraper le temps perdu en multipliant les opportunités.