Malgré la signature de la déclaration de partenariat stratégique entre Alger et Moscou lors de la visite du président Bouteflika en Russie en 2001, les relations bilatérales demeurent bien timides, les deux capitales n'ayant pas encore pu mettre en œuvre le mécanisme de la commission gouvernementale commune de coopération commerciale, économique, scientifique et technique. Voyant que l'Algérie a conclu des traités d'amitié et de coopération avec l'Espagne, le Portugal et bientôt avec la France, le président Poutine n'a pas hésité à relever que la première session de ce mécanisme « doit être sanctionnée de l'élaboration d'accords concrets relatifs à l'élargissement de la coopération algéro-russe y compris dans le domaine de l'énergie ». Une insistance qu'il transmettra, il y a une quinzaine de jours, par le biais d'un message porté par Igor Ivanov, secrétaire du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie dépêché spécialement à Alger. D'ailleurs, Poutine ne manquera pas, à cette occasion, de souligner : « Je vous confirme mon intention de répondre à votre invitation à visiter l'Algérie à une date qui sera fixée d'un commun accord. » C'est dans ce cadre que s'inscrit le séjour, à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'à demain, de Serguey Mironov, président du Conseil fédéral russe (Sénat). Selon l'APS, cette visite - la première du genre d'un responsable russe de ce niveau - permettra l'examen des moyens de développer la coopération économique et l'échange commercial entre les deux pays. Le président du Sénat russe s'entretiendra avec le chef de l'Etat, le chef du gouvernement, le président du Conseil de la nation et le président de l'APN. Même si, officiellement, on indique que l'objet de ce déplacement est motivé par le souci de « promouvoir la coopération parlementaire », deux dossiers domineront toutefois les discussions. Le premier a trait, selon la formulation des autorités de Moscou, à « l'intérêt mutuel de parvenir à une formule acceptée par les deux parties concernant le règlement de la dette de l'Algérie envers la Russie ». Quant au second dossier, il concerne « la disponibilité de la Russie à poursuivre sa coopération avec l'Algérie en matière de modernisation de ses forces armées ». Ces deux sujets ont été largement évoqués dans le message, cité précédemment, où Poutine rappelait à Bouteflika que les relations algéro-russes revêtent « un caractère stratégique ». Une précision qui amènera Igor Ivanov à insister, lors de sa venue à Alger au courant de ce mois, sur le fait que « les prochaines étapes seront consacrées au renforcement et au développement du partenariat ainsi que la coopération sur le plan international ». Il s'agit surtout du travail en commun qui peut être accompli dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU. En cela, « l'Algérie est un pays qui a du poids dans la région et au niveau international », affirme le président du Sénat russe cité par l'APS. D'où l'importance pour Moscou de connaître les positions d'Alger vis-à-vis des questions régionales et internationales, poursuit la même source. L'Algérie est considérée, aujourd'hui, comme un partenaire « important et crédible » par les autorités russes. C'est pourquoi, Moscou espère, à travers le voyage que compte entreprendre Poutine à Alger avant la fin de l'année en cours, conférer à la coopération bilatérale un contenu plus concret. Et ce, à l'instar des capitales occidentales qui se sont particulièrement rapprochées, ces derniers mois, de notre pays. Des échanges au profit de Moscou La question de la dette algérienne, de l'ordre de trois millions de dollars, continue à peser sur les relations économiques entre Alger et Moscou. Les modes de remboursement proposés n'emportent pas l'adhésion des autorités russes. D'ailleurs, le niveau des échanges commerciaux est actuellement en net recul par rapport à 2003, selon les chiffres fournis par les Douanes algériennes. Le volume global des échanges commerciaux pour la période allant du janvier à septembre 2004 a atteint une valeur de 106,8 millions de dollars, les exportations russes vers l'Algérie constituent l'essentiel. Par exemple, en 2003, notre pays a importé pour 314,97 millions de dollars contre seulement 1,42 million de dollars d'exportation. Il est à relever, cependant, le développement notable, ces trois dernières années, de la coopération dans le domaine énergétique. Par exemple, la compagnie Stroytrangaz a achevé la construction de la partie nord de l'oléoduc Haoud El Hamra-Arzew. Sur ce registre, plusieurs groupes russes (comme Systema et Alfa), activant dans les secteurs des hydrocarbures, des finances, des télécommunications et du tourisme, se préparent à ouvrir des représentations en Algérie. A signaler également l'accord entre Saïdal et Abolmed signé en mai 2004, à travers lequel plusieurs marques de médicaments seront commercialisées sur le marché russe. Cela sans oublier la construction par les entreprises russes de quatre barrages : deux à Skikda et deux autres à Bouira