Cette année, la production de la cerise n'a pas connu de changement. La wilaya de Tizi Ouzou, qui assure quelque 21% de la production nationale, veut, selon les services agricoles, développer cette filière qui a pourtant fait le bonheur des producteurs dans les années 60 et 70. Une relance qui passe inévitablement par la modernisation des pratiques et aussi par un suivi commercial sur le terrain de la vente. Ce sont là deux conditions qui, si l'une d'elle venait à manquer, vont compromettre cet objectif. C'est, hélas, ce qui s'est produit ces dernières années. Alors que les efforts pour la modernisation de la filière sont fournis par la direction des services agricoles, il est visible que le volet commercialisation est incontestablement le maillon faible de la chaîne. Sur le terrain, les techniciens de la DSA se déploient dans tous les sens pour assurer des formations diverses aux producteurs; la mise sur les circuits commerciaux est inexistante. En effet, les services concernés concen-trent leurs efforts sur la formation des producteurs aux techniques de greffage, de suivi sanitaire et autres techniques, il n'en demeure pas moins que les producteurs connaissent des difficultés sur un autre chapitre, celui de la commercialisation. En effet, ce fruit noble se trouve encore vendu sur les trottoirs et les abords des Routes nationales. Les causes de cette situation lamentable sont nombreuses, mais la plus importante reste l'absence d'un marché national ou régional des produits du terroir. Malgré les promesses, souvent tenues à l'approche des échéances électorales, il n'en demeure pas moins que les espaces de vente de cette richesse restent les grands absents de l'économie nationale. Une fois que la production est prête, le producteur cherche un acheteur, mais en vain. Hélas, l'absence de ces espaces commerciaux dédiés aux produits du terroir est aussi accompagnée de l'absence d'occasions de vendre, comme les foires et les salons. Les quelques fêtes qui sont organisées par-ci, par-là ne sont pas tenues par des professionnels de l'évènementiel et les organisateurs professionnels des salons. Ce sont des occasions organisées par des associations et souvent encadrées par des administratifs qui ne connaissent rien au terrain. Les foires n'attirent, par conséquent, pas l'acheteur potentiel espéré par les producteurs, qui s'en éloignent de plus en plus de nos jours. C'est pourquoi, aujourd'hui, ces derniers ont recours à des pratiques extra-commerciales: la vente sur les routes dans des conditions d'hygiène lamentables ainsi que l'absence de contrôle des prix et de la qualité du produit. Ces derniers jours, sur la RN12, des vendeurs de cerises s'alignent aux abords de la route pour proposer leur produit dans des conditions non conformes. Un spectacle désolant qui se déroule quotidiennement, au vu et au su des ser-vices de contrôle de la direction du commerce et des services agricoles. En effet, ces derniers n'ont aucun contrôle sur les vendeurs qui viennent des wilayas limitrophes, à cause des mêmes problèmes dans leurs wilayas respectives. Absence de circuits de distribution dédiés aux filières agricoles et absence d'accompagnement, après la récolte. Jusqu'à une époque récente, les services de l'agriculture reconnaissaient que seuls 4% de la production de cerises se retrouve sur les étals des commerces légaux. Le reste est écoulé sur les routes. Cette situation indique, si besoin est, que le développement des filières agricoles du terroir reste tributaire d'une véritable politique globale. La chaîne commence par l'accompagnement de la production et se termine par l'accompagnement à la vente, en passant par la formation, l'assurance aux risques y afférents, ô combien nombreux d'ailleurs. La cerise a connu ces dernières années des maladies qui l'ont décimée d'ailleurs, mais la seule aide reçue par les producteurs est relative aux plants, afin de régénérer la culture.