Jeudi, la salle Ibn Zydoun a accueilli, une fois n'est pas coutume, une projection de films initiée dans le cadre du ciné-club de l'association Chrysalide. Quatre films du réalisateur Hamid Benamra ont été présentés devant un public attentif qui n'a pas hésité à dire ce qu'il en pensait après. Baptisé Tranches de vie, ce sont donc 4 portraits d'artistes qui ont été projetés et ont porté ainsi sur le plasticien Mohamed Aksouh (Jardin des toiles, 19 minutes), l'artiste engagé Mustapha Boutadjine (Bouts de vie...bouts de rêve, 27 minutes) qui se sert de papiers qu'il déchire de magazines de luxe et détourne pour en faire des portraits sur les Blacks et artisans.., Soraya Baghdadi dans Diwan, danseuse orientale, et Coco Joe, danseuse au Moulin rouge, mi-antillaise mi-indienne qui confie sa foi et son attachement à ses origines. Quatre portraits très épurés ou l'esthétisme flirte avec le sujet lui-même. Comédien par essence, ayant déjà tourné dans ses films, Hamid Benamra, qui venait de rentrer d'Oran où il a présenté ses films à l'occasion de la Journée de la femme, s'est essayé au jeu des questions- réponses, se confrontant ainsi au débat contradictoire qui, souvent, fait partir en éclair de seconde l'artiste impulsif qu'il est, pour redevenir ce sage enfant qu'il est au fond. «Je ne suis pas un intellectuel, je fonctionne à l'instinct, je suis un animal qui flaire les gens, les apprivoise avant de les filmer. Mes films se font au gré des rencontres qui sont le résultat d'un amour spontané...», a déclaré le réalisateur à l'assistance. Entre une question et une autre émanant de jeunes passionnés de cinéma et donc voulant vraiment apprendre et sonder le travail du réalisateur, celui-ci s'est refusé - c'est son choix- de révéler «le hors champ» de son tournage. Le ton est haussé pour s'atténuer quelques minutes plus tard. Pour ce réalisateur, fils de La Glacière, le fait de n'appartenir à aucun système, ne pas avoir de société de production, est un choix amplement assumé qui lui assure une large mesure de liberté de mouvement. «Je ne m'arrête pas de filmer; avec des autorisations, une équipe, on met un temps fou pour se mettre à tourner. Pour moi, l'essentiel est de ne pas cesser de faire». A 42 ans, et l'expérience cumulée, il serait tout de même bon de passer à la réalisation de longs métrages. C'est parce que les temps ont changé que les jeunes d'aujourd'hui sont de plus en plus avides de connaissances nouvelles et donc de choses qui les surprennent ; il incombe donc à nos réalisateurs d'écouter les critiques, de ne pas se contenter de faire mais d'apporter ce plus qui fait la différence. Cependant, ce plus s'appelle le style. Et là, on aime ou on n'aime pas..