Le peuple algérien a vécu, hier, un moment historique émouvant et chargé de sens et de symbolique. En présence du président de la République et des hauts gradés de l'Armée nationale populaire et à leur tête le général de corps d'armée et chef d'état-major de l'ANP Saïd Changriha, les membres du gouvernement et des personnalités nationales, l'Algérie a récupéré les crânes et les restes de nos valeureux martyrs de la Résistance populaire. La cérémonie s'est déroulée dans une ambiance funéraire digne de ses valeureux et vaillants fils de la Patrie. Leur retour à leur terre se voulait comme un signe de l'Etat algérien à rendre un vibrant hommage aux précurseurs des soulèvements et des résistances populaires contre le colonialisme français et sa barbarie. C'était un moment fort, un moment estampillé du sceau de la fidélité, mais aussi de la guerre des mémoires dans le cadre de la restitution des restes des martyrs et des archives depuis 1830 jusqu'à l'indépendance du pays en 1962. L'Algérie a su comment rendre hommage à ses héros qui se sont soulevés pour que cette terre retrouve sa liberté et sa dignité. La parade militaire des éléments de l'Armée nationale populaire était digne des fidèles au serment des ancêtres, une sorte de prolongement historique avec comme quintessence, la reconnaissance de cette armée héritière du combat libérateur qui remonte à un siècle et demi. L'arrivée de l'avion militaire à l'aéroport international Houari Boumediene dégageait une espèce de fierté et d'émotion indomptable et incontrôlable. La scène montrait l'orgueil national de tout un peuple représenté par son Etat qui rendait un hommage très fort aux aînés, mais aussi une halte symbolique qui interpelle l'histoire de 170 ans à travers ces valeureux martyrs qui ont subi la séquestration et le déni jusqu'à faire d'eux des «reliques» pour le compte d'un colonialisme qui excellait dans son cynisme, en faisant des crânes et des restes de nos valeureux martyrs de la résistance populaire, un objet d'ostentation où l'abject frisait l'invraisemblable. Ce retour à la terre pour laquelle ils ont combattu férocement l'ennemi et l'envahisseur pour qu'il ne puisse pas la coloniser, était un instant que tous les présents lors de la cérémonie de la réception des crânes et des restes ont vécu au rythme d'un sentiment et charge émotionnelle atypique. C'était un instant où tout le monde avait retrouvé le sens du sacrifice et aussi le lourd tribut payé par ces valeureux martyrs qui n'ont pas démérité, voire abdiqué face à la force de feu dont disposait le colonialisme. Il faut dire que l'émotion était telle que les expressions du moment ne pouvaient se substituer à la cérémonie qui leur était réservée en tant que héros nationaux et figures emblématiques de la résistance et du soulèvement populaire face à un agresseur armé jusqu'aux dents. Les restes mortuaires des 24 chefs de la Résistance populaire de 1838 à 1865 qui ont été récupérés, hier, par l'Algérie, se veut comme un message aux négationnistes et «contrebandiers» de l'histoire qui s'investissaient dans l'imposture coloniale qui disait que ce pays était un «No man's land». Mais les restes et les crânes de cheikh Bouziane, le chef de la révolte de Zaâtcha (Est de l'Algérie) en 1849, fusillé puis décapité par la soldatesque coloniale française et de Bou Amar Ben Kedida et Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui, pour ne citer que ces noms symboliques, démontent en toutes pièces cette thèse et ce mensonge historique. L'Algérie a voulu à travers ce geste symbolique qui n'est pas des moindres, montrer son attachement à son histoire faite de la résistance, du soulèvement populaire et de la glorieuse révolution de Novembre. C'est un long processus de recouvrement de l'Indépendance nationale sur fond d'une lutte et d'un combat héroïque des hommes et des femmes pour donner au pays son empreinte d'un Etat souverain et libre. Le contexte dans lequel se trouve le pays est idoine pour rappeler aux oublieux et aux négationnistes que l'Etat national est le prolongement de ses soulèvements et des mouvements de résistance menés par L'Emir Abdelkader et les Boumama, les Zaâtcha et les Fatma N'soumer et autres soulèvements qui ont fait trembler l'armée coloniale à l'image de l'insurrection d'El Mokrani et de Cheikh el Haddad et les autres dont l'histoire pullule de leur retentissement. La récupération des crânes et des restes mortuaires de nos chefs de la résistance et des soulèvements populaires marque une étape historique nouvelle, celle d'un Etat dont la mission doit s'inscrire dans le prolongement des aînés, à savoir la défense de la souveraineté nationale et de l'indépendance du pays et de l'unité du peuple algérien.