Le sport féminin algérien doit sortir grandi de ces assises. Parler du sport féminin en Algérie relève de la gageure tant on a l'impression que le sexe dit faible est réellement relégué au second plan lorsqu'il s'agit de médiatiser ses performances sur un terrain de sport. Que de ministres de la Jeunesse et des Sports sont passés par le siège de la place du 1er Mai, ont promis monts et merveilles pour ce secteur sans aller au bout de leurs convictions. Le sport féminin est resté en la demeure aussi marginalisé qu'il était depuis l'indépendance avec des moyens quasi dérisoires pour ne pas dire inexistants. Cette situation n'ayant pas évolué d'un iota, il fallait bien réagir. On était en droit de s'attendre que la réaction vienne des pouvoirs publics, à travers eux, le MJS, qui gère les affaires du sport. Elle est intervenue du Comité olympique algérien, dont les responsables ont estimé que le temps était venu de poser le diagnostic du mal et d'en définir le remède parce qu'au rythme où vont les choses, on sera obligé de parler du sport féminin au passé. Il faut dire que le COA s'est impliqué dans le projet en suivant les directives du CIO qui recommandait aux différents Comités nationaux qui lui sont affiliés de créer à leur niveau une commission «Sport et femme». Ce qui a été fait en Algérie, ladite commission ayant élu à sa présidence l'ex-joueuse internationale de handball, Zhor Ghidouche, devenue membre de droit du bureau exécutif de l'instance olympique. C'est sur son initiative qu'un séminaire sur le sport féminin avait été organisé en décembre 2003 à Tipasa à l'issue duquel des recommandations faisaient valoir la nécessité d'aller vers des assises nationales qui traiteraient en profondeur le problème. La commission « Sport et femme » du COA est parvenue, enfin, au résultat escompté avec la tenue aujourd'hui et demain de ces fameuses assises à la salle de conférences de l'hôtel El Ryadh de Sid Fredj. Un événement pour lequel le COA a mis les bouchées doubles en invitant tout ce que l'Algérie compte en championnes mais aussi des personnalités étrangères qui donneront leur point de vue sur la question pour ce qui est de leurs pays respectifs. La cérémonie d'ouverture de ces assises, placées sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aura lieu à 9h30 aujourd'hui et sera suivie à partir de 11h00 de plusieurs interventions, dont celle de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, qui parlera des valeurs culturelles des activités sportives féminines en Algérie, de Mme Saâdia Nouara Djaâfar, ministre déléguée, chargée de la Famille et de la Condition féminine, qui communiquera sur La place de la femme dans la société algérienne. L'après-midi sera consacré aux travaux d'ateliers qui devraient aboutir à une série de résolutions, qui seront reproduites dans le communiqué final établi dans la matinée de demain. Les objectifs de ces assises visent à: - augmenter les opportunités de pratique des activités sportives pour les filles et les femmes, - mettre en valeur les femmes qui ont oeuvré et contribué au développement du sport, - veiller à l'égalité des chances dans la gestion et la participation des femmes dans le domaine du sport (recommandation du CIO qui préconise que dans les Comités nationaux il y ait 20% de femmes), - réaliser des études et des travaux de recherche sur la femme et le sport. Le sport féminin algérien doit sortir grandi de ces assises. Un sport, dont certains chiffres démontrent que l'on a tort de le marginaliser, car il est plus porteur que celui des hommes. En 2004, lors des Jeux sportifs arabes qui s'étaient déroulés en Algérie, notre pays avait engagé 161 filles et 329 garçons. Les premières avaient remporté un total de 115 médailles, soit un taux de réussite de 71,43% alors que les seconds avaient glané 167 médailles, soit un taux de réussite de 50,76%. Sans les filles, l'Algérie n'aurait pas remporté la première place au classement des nations et ce, pour la première fois dans l'histoire de ces Jeux constamment dominés par l'Egypte. Un autre chiffre à noter : lors de ces Jeux, 16 médailles d'or avaient été remportées en athlétisme. 13 de ces médailles avaient été le fait de demoiselles et de dames. Dans son dernier rapport sur les statistiques, le MJS indique que globalement, le mouvement sportif algérien fait état de 1225.000 sportifs licenciés au sein desquels 167.962 sont des filles, c'est-à-dire à peine un dixième. A ce jour, l'Algérie sportive peut se prévaloir de trois médailles d'or olympique. Sur les trois, deux sont le fait d'athlètes féminines. No comment!