Le Premier ministre, dont l'action à la tête du gouvernement a été totalement «chamboulée» par l'avènement de la crise sanitaire, revient, aujourd'hui, à sa mission originelle. Il réunit les partenaires sociaux et les opérateurs économiques, dans ce qu'il est convenu de qualifier de dernière répétition avant la grande «démonstration» des 16 et 17 août prochain. Djerad a tout à fait raison de prendre les devants et multiplier les contacts avec les acteurs économiques et sociaux du pays, d'autant que la rencontre d'aujourd'hui est la première qu'il organise depuis son arrivée à la tête du gouvernement. Il n'y a pas de retard dans l'allumage, puisque cette réunion tripartite annoncée par le président de la République dès son investiture devait se tenir bien plus tôt, n'était-ce le surprenant avènement de la crise sanitaire, trois mois après l'entrée en fonction du gouvernement. Dans l'intervalle, l'Exécutif était occupé à construire sa stratégie, lorsque la pandémie a tout stoppé. L'action du gouvernement en direction de ses partenaires a été objectivement mise entre parenthèses. Même si cela n'a pas empêché l'Exécutif de développer une activité juridique appréciable, en mettant en ordre de marche l'appareil économique sur son volet législatif et réglementaire, il restait tout de même un goût d'inachevé. Et pour cause, la loi de finances complémentaire 2020 qui est venue donner des signaux audits partenaires, ne donne pas l'impression d'avoir «secoué le cocotier». Ce qui manquait dans le tableau, c'est une rencontre de ce genre, d'abord pour préparer les rendez-vous censés constituer d'efficaces réponses à la crise économique, ensuite parce qu'il est de tradition qu'un gouvernement instaure un dialogue permanent avec l'ensemble des acteurs de la scène socio-économique. Cette rencontre qui aurait dû se tenir en avril dernier ou juste au lendemain de la signature de la loi de finances complémentaire 2020, est nécessaire pour le gouvernement et pour les opérateurs économiques. Ces derniers n'oublient certainement pas les dégâts subis par l'économie du pays à cause de la crise institutionnelle qu'a traversée l'Algérie, en 2019. Ces patrons qui ajouteront certainement le poids du Covid-19 à leur liste de doléances, participeront à la commission de sauvegarde qui sera installée à l'occasion de la rencontre d'aujourd'hui. Cette commission sera «chargée d'évaluer les incidences causées par la pandémie de coronavirus», rapporte un communiqué des services du Premier ministre, rendu public, ce jeudi. Le diagnostic rendu incontournable pour jauger le potentiel en place de l'économie nationale, sera accompagné par une série de recommandations. L'on devine que les opérateurs économiques réclameront des abattements fiscaux et autres mesures de soutien de la part des pouvoirs publics. «Conformément aux instructions du président de la République, la commission élaborera un rapport qui sera examiné comme premier point à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil des ministres du 26 juillet 2020», signale-t-on de même source. C'est dire que le prochain Conseil des ministres abordera frontalement l'impact de la crise sanitaire sur le tissu économique du pays. Il convient de souligner que cette commission concrétisera une instruction présidentielle, avec «pour objectif d'évaluer les incidences causées par la pandémie de coronavirus sur l'économie nationale et qui regroupera les partenaires sociaux et les opérateurs économiques», a rappelé la même source. En attendant les conclusions de la commission et au-delà des aspects techniques, il convient de souligner que ce que cherchent les partenaires du gouvernement, ce sont des signaux clairs, pour ce qui concerne la lutte contre la bureaucratie et une volonté sincère de compter sur les entreprises algériennes pour diversifier l'économie. Et tant que le gouvernement n'a pas fait son passage d'examen dans le cadre d'une rencontre comme celle d'aujourd'hui, il subsistera toujours un doute.