La loi doit s'appliquer avec fermeté contre toutes personnes qui, directement ou indirectement participent à banaliser le danger, à avantager par le propos ou par l'acte, la propagation du virus. Un océan sépare ce qui se dit de ce qui se fait. Comme déjà rapporté, la propagation du Covid-19, à Bouira, est une réalité et pour preuve les derniers chiffres publiés par la Commission nationale du suivi. Bouira a enregistré 408 cas dont 12 nouveaux confirmés pour la journée du 19 de ce mois. Malgré ce net regain des cas et la batterie de mesures prises pour barrer la route au virus, des scènes d'attroupement, de bousculades persistent sous le regard complaisant des responsables. Le cas d'école reste celui des chaînes devant les bureaux de poste et dont nous avons rapporté l'existence dans une précédente édition. Hier encore, et depuis le 18 juillet, date du virement des premières pensions de retraite, des personnes âgées et fragiles jouent des coudes devant les bureaux des diverses postes de Bouira et des villes alentour. Ces scènes prouvent, s'il en était besoin, que la répartition du versement des retraites selon le dernier chiffre du compte postal, décidée par la CNR, n'aura finalement servi à rien. Les citoyens aussi n'adhèrent pas au combat contre une pandémie qui frappe le monde entier. Il n'est pas rare de voir des personnes porter la bavette au niveau du cou, de recourir à des bavettes portant des écussons de clubs de football, mais n'offrant aucune garantie hygiénique, des jeunes qui se partagent la même tasse de café, des magasins qui passent outre les instructions en début de soirée quand les inspecteurs du commerce cessent leur travail. Cette situation est avantagée par des fake news relayées sur les réseaux sociaux et par lesquelles certains veulent faire croire à l'inexistence de la pandémie. Dans ce cadre et comme rapporté par l'APS, une personne a été condamnée jeudi à un an de prison ferme et à une amende de 100 000 DA, pour «diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux» et «usurpation de fonction», a indiqué le procureur de la République près le tribunal de Lakhdaria, Amari Belkacem. Le mis en cause dans cette affaire est un homme âgé de 31 ans, répondant aux initiales de G.N. et originaire de Kadiria. Il a diffusé de fausses informations en amplifiant le nombre de cas de Covid-19 à l'hôpital de Lakhdaria et ce via une vidéo postée sur les réseaux sociaux. L'individu en question s'est introduit à l'intérieur de l'hôpital de Lakhdaria, où il a filmé quelques malades atteints de Covid-19, en se faisant passer pour un agent de sécurité de l'établissement. «Il a été présenté jeudi par-devant le procureur de la République près le tribunal de Lakhdaria, qui l'a renvoyé devant le tribunal pour une comparution immédiate. Il a ensuite été condamné à un an de prison ferme avec mandat de dépôt et à une amende de 100 000 DA pour diffusion de fausses informations et usurpation de fonction, et ce conformément aux articles 196 bis et 243 du Code pénal», a précisé à l'APS le procureur de la République près le tribunal de Lakhdaria. Ce cas n'est hélas, pas unique en son genre puisque le 16 juillet dernier et toujours selon une dépêche de l'APS, le juge d'instruction près le tribunal de Sidi Aissa (M'sila) a ordonné le placement de deux personnes en détention provisoire, et d'une autre sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l'affaire de la vidéo de l'hôpital de Sidi Aissa, diffusée sur le réseau social Facebook et présentant le cadavre d'un homme au service Covid-19. Ces trois personnes sont poursuivies pour «intrusion dans l'Etablissement public hospitalier Kouissi Belaiche de la commune de Sidi Aïssa et publication de fausses informations sur le réseau social Facebook», mais aussi d' «outrage à corps constitué» et «d'atteinte au respect dû aux morts», a-t-on appris jeudi auprès des services de la sûreté de wilaya. La même source a révélé que dans le cadre de la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes et notamment la diffusion à des fins de propagande, les éléments de la sûreté relevant de la commune de Sidi Aïssa ont procédé à l'arrestation de trois personnes âgées de 24 et 54 ans impliquées dans cette affaire. Les services de la sûreté de wilaya ont affirmé que cette opération a été menée après la publication d'une vidéo sur Facebook montrant le cadavre d'une personne à l'intérieur du service de coronavirus de l'hôpital de Sidi Aïssa, soulignant que l'enquête a permis d'arrêter l'auteur de la vidéo et de récupérer son téléphone portable contenant au total quatre autres séquences filmées à l'intérieur de ce même service. Les investigations ont également permis d'identifier et d'arrêter deux de ses complices alors qu'une troisième personne est toujours en fuite, a-t-on ajouté. L'auteur de la vidéo s'est introduit à l'hôpital en franchissant la clôture de cette structure, avec ses complices, selon la même source qui a précisé que ces vidéos contiennent des «informations tendancieuses susceptibles de porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics et dont les auteurs ont volontairement mis la vie d'autrui en danger durant les périodes de confinement, portant par la même occasion atteinte à un corps de sécurité et au respect dû aux morts en profanant un cadavre». Présentées devant les instances judiciaires du tribunal de Sidi Aïssa, le juge d'instruction a ordonné le placement de deux personnes en détention provisoire, et d'une autre sous contrôle judiciaire, conclut la dépêche. Les impacts de ces fausses informations ont conduit à l'agression par les parents d'un défunt du directeur de l'hôpital de Bouira qui a sauté de son bureau pour éviter d'être lynché par une trentaine de personnes qui voulaient récupérer le corps, sans attendre le résultat des analyses. Là aussi, la justice a décidé la mise sous mandat de dépôt de deux personnes et la mise en examen de trois autres. Les peines sont assorties d'amendes. La lutte et la guerre contre le Covid-19 doivent prendre une autre tournure. La loi doit s'appliquer avec fermeté contre toutes personnes qui, directement ou indirectement, participent à banaliser le danger, à avantager par le propos ou par l'acte, la propagation du virus.