S'il y a bien un poète francophone dans la ville de Tizi Ouzou qui a traversé plusieurs décennies à abreuver les lecteurs de ses vers et de ses métaphores, c'est bel et bien Youcef Merahi. À Tizi Ouzou, tout le monde le connait, car c'est un enfant de la ville, il y a vécu depuis toujours et y vit encore. Il écume inlassablement les lieux culturels et les librairies. Là où la littérature se manifeste, Youcef Merahi surgit systématiquement. L'écriture littéraire, il l'a dans le sang. Il écrit depuis toujours. Son premier amour dans l'univers des lettres et qu'il croyait être son unique amour, c'est la poésie. Pendant des décennies, Youcef Merahi écrivait de la poésie sans se lasser et sans jamais songer passer à un autre genre. Mais par la suite, Youcef Merahi a fini par trahir son premier amour en s'adonnant avec une égale passion à d'autres genres comme l'essai et le roman. Il a même écrit un journal. C'est dire qu'en littérature, il ne faut jamais dire jamais. Youcef Merahi, après avoir publié plusieurs recueils de poésie, notamment dans les années 1990, est passé au roman et à l'essai sans quitter son premier amour qui est la poésie. De nombreux livres à son actif Né en 1952, Youcef Merahi a eu un parcours scolaire des plus brillants l'ayant conduit à l'ENA (Ecole nationale d'administration) d'où il est sorti diplômé d'ailleurs. Son parcours professionnel trop chargé dans l'administration ne l'a pas empêché de s'adonner avec constance, fidélité et patience à sa passion. Une passion de l'écriture qu'il partagea avec pas mal d'autres énarques algériens à l'instar de Ali Bedrici, Mohamed Nadhir Sebaâ ou encore le regretté Hamid Nacer Khodja qui était d'ailleurs son ami de longue date. Youcef Merahi a publié ses premiers poèmes dans plusieurs recueils dont «Le chemin de ma route», édité chez les éditions «Aurassi» de Draâ Ben Khedda, que dirigeait à l'époque un autre écrivain, le regretté Boukhalfa Bittam. Malgré un contexte des plus difficiles, c'était au milieu des années 90, Youcef Merahi a investi la scène éditoriale en publiant à la fois trois recueils de poésie qui seront suivis par la suite par un journal et un essai sur le poète d'Oulkhou, Tahar Djaout. Le livre de Merahi consacré à Djaout est symboliquement intitulé «Les raisons du cri». Youcef Merahi poursuit l'exploration des genres jusqu'à écrire des textes qui relèvent à la fois de la poésie que du roman comme «Harrouda» de Tahar Ben Jelloun que Youcef Merahi admire à l'instar de tant d'autres écrivains, lui qui est un grand lecteur dont la bibliothèque personnelle pourrait être classée patrimoine culturel national tant elle est riche et diversifiée. Ecrire sur la vie Depuis ses débuts, Youcef Merahi, le poète, le romancier et l'essayiste a publié de nombreux livres dont un second sur Tahar Djaout, «Premiers pas journalistiques», puis des romans à connotation poétique comme «Et l'ombre assassine la lumière», «Oran échelle 31», «Ephéméride de Kabylie», «Mots dire en kabyle», «Journal d'un Kabyle», «A rebours d'Oran», «Post-scriptum», «La pétaudière», «Je brûlerai la mer», «Le funambule»... Prolifique, Youcef Merahi l'est. Mais combien de vers et de romans devrait-il écrire pour tout dire, pour dépeindre l'indicible, raconter l'inénarrable? Il n'écrira jamais assez pour transformer en mots les mots qui rongent notre société et le monde dans lequel nous vivons et dont il fait partie. Mais Youcef Merahi continue tout de même d'écrire car la vie est synonyme d'écriture pour lui. Il compte raconter la ville de Tizi Ouzou à laquelle il est attaché de manière viscérale dans un ouvrage collectif en associant d'autres plumes locales qui voient en la transformation de Tizi Ouzou une véritable agression caractérisée, mais inévitable car le temps fait toujours son travail. Et Youcef Merahi continue de faire le sien: écrire.