Livre n Une initiative louable que celle de réunir dans un recueil les articles journalistiques de Tahar Djaout, qui illustrent ses premiers pas dans la presse écrite. Une initiative de la part de Youcef Merahi, poète et secrétaire général au Haut-Commissariat à l'amazighité, de montrer l'autre Djaout, pas l'écrivain, celui qui a marqué de son empreinte la littérature algérienne, mais le journaliste. Le recueil, ‘Tahar Djaout, premiers pas journalistiques', a été concocté par Youcef Merahi et est paru aux éditions Alpha. «Tahar Djaout est une personnalité plurielle, attachante, et humble», dira Youcef Merahi. «Il a été journaliste émérite, poète éveilleur de conscience et écrivain racé qui aurait pu contribuer à l'écriture de l'universalité», souligne Youcef Merahi. Hélas, un certain 25 mai 1993, «coupé dans un élan généreux porteur d'un avenir radieux pour l'écrivain et son écriture», Djaout, qui ne cessa de dénoncer dans ses écrits la violence intégriste, tomba sous les balles assassines du terrorisme, ennemi de l'intelligence et de la tolérance. «Tahar Djaout n'a pas eu le temps – il était à l'aube de la quarantaine – d'amener sa plume au firmament des quêtes qui le tenaillaient.» Comme s'il était né pour écrire, Tahar Djaout, en sa qualité de journaliste, «a tenu son rôle comme il se doit. Il a toujours été honnête dans ses écrits et ce, de ses débuts jusqu'à son assassinat». «Sauf que Djaout n'a pas été un journaliste comme les autres qui, eux, quêtaient l'information. Tahar était un quêteur de sens dans toute sa plénitude. Son aventure journalistique l'a aidé dans son écriture romanesque.»Youcef Merahi, pour qui «Tahar Djaout n'a jamais été un journaliste dans le sens classique du terme», explique : «De ses sorties sur le terrain de la culture, Djaout a ramassé les images qu'il a admirablement bien servies dans ses romans. Il était un journaliste hors norme.» «Il avait mis son talent d'écrivain et de poète au service de la presse», dit-il. Pour cela, Youcef Merahi a pensé à rassembler dans ce recueil les écrits journalistiques de Tahar Djaout, non seulement pour le plaisir de les lire ou relire, mais aussi par devoir de mémoire. «L'intérêt de réunir les articles de Tahar Djaout est de l'ordre de la mémoire, de l'archive du travail journalistique effectué par cet écrivain, de l'état de la société algérienne dans les années 1970 et du regard de l'époque, du temps du parti unique.» Pour Youcef Merahi, «ces articles révèlent un Tahar Djaout curieux à l'extrême, sérieux dans sa démarche, méthodique dans son approche, un brin critique, mais dont le talent était déjà au rendez-vous». Se dessine alors l'intérêt de ce recueil ayant motivé Youcef Merahi à se pencher sur la carrière journalistique de Tahar Djaout. Et de conclure : «La mémoire humaine est oublieuse. Tahar Djaout est oublié. Je le constate. Il ne suffit pas de se recueillir sur sa tombe, il faut plus que cela. Ses livres ont disparu des étals des librairies algériennes. Aucune maison d'édition, publique ou privée, ne semble prendre en charge la réédition de ses romans et de sa poésie. Tahar Djaout manque à la littérature nationale, tout comme Rachid Mimouni du reste.»