L'Algérie et la France ont lancé le chantier de la question de la mémoire. Un long chemin qui doit être débroussaillé pour aboutir à l'apaisement. Une mission qui a été confiée, côté français, à l'historien Benjamin Stora. Tout un symbole pour l'enfant de Constantine, spécialiste attesté de l'Algérie, de son histoire, du Mouvement national et de la Guerre de Libération nationale. Un choix judicieux du chef de l'Etat français. Emmanuel Macron a reçu, vendredi dernier, l'historien Benjamin Stora et lui a confié une mission sur «la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie», en vue de favoriser «la réconciliation entre les peuples français et algérien», a annoncé l'Elysée. Elle «permettra de dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, ainsi que du regard porté sur ces enjeux de part et d'autre de la Méditerranée», a expliqué la présidence. Ses conclusions sont attendues à la fin de l'année. «On ne peut jamais définitivement réconcilier des mémoires. Mais je crois qu'il faut avancer vers une relative paix des mémoires pour précisément affronter les défis de l'avenir, pour ne pas rester prisonniers tout le temps du passé parce que l'Algérie et la France ont besoin l'une de l'autre», avait plaidé Benjamin Stora, dans un entretien à Radio France Internationale, à la veille de la mission pour laquelle l'a désigné Emmanuel Macron. La question de la mémoire mine les relations entre la France et l'Algérie. Les deux pays ont en commun une histoire tragique: plus de 130 années d'une colonisation barbare que les Algériens ont dû subir, avant d'accéder à l'indépendance, après une Guerre de Libération nationale sanglante qui a duré plus de sept ans. Les séquelles sont toujours présentes, des plaies qui ne se sont jamais cicatrisées. Le récent rapatriement des 24 crânes de chefs de la résistance à l'occupation française témoigne de ce passé douloureux, de la sauvagerie dont a fait preuve la France coloniale. Leur restitution par la France officielle, est considérée comme un premier geste qui tendrait vers l'apaisement. L'Algérie a porté son choix sur Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès de la présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la Mémoire nationale, pour mener cette mission. Il est «le plus informé des dossiers devant être traités par les deux parties, particulièrement au vu de son expérience accumulée en occupant le poste de directeur général des Archives nationales», a souligné le président Abdelmadjid Tebboune.