C'est un signe indéniable qui tend vers des relations apaisées entre la France et son ancienne colonie. La criminalisation de la colonisation ne doit pas constituer un préalable à cela. Le conseiller du président de la République chargé des Archives et de la Mémoire nationale s'explique: «La colonisation a été criminalisée par le peuple algérien et ne nécessite pas un texte de loi» a indiqué, samedi, Abdelmadjid Chikhi en marge de la cérémonie de sortie de la 49e promotion de l'Ecole nationale d'Administration. C'est pratiquement un tabou qui vient d'être brisé. Certaines voix et non des moindres y tiennent toujours. Le 15 juillet 2019, l‘Organisation nationale des anciens moudjahidine avait, par la voix de son secrétaire général, Mohand Ouamar Benlhadj, demandé au Parlement le vote d'une loi de «criminalisation de la colonisation française» en Algérie. «Les députés sont libres de proposer, débattre et adopter des projets», a estimé Chikhi qui a tenu à souligner que «la criminalisation de la colonisation n'est pas une priorité dans le dossier de la mémoire dont je suis responsable». Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune l'avait désigné, le 19 juillet dernier en tant que représentant de l'Algérie pour mener le travail en cours avec l'Etat français sur les dossiers inhérents à la Mémoire nationale et à la récupération des Archives nationales. «Il est le plus informé des dossiers devant être traités par les deux parties, particulièrement au vu de son expérience accumulée en occupant le poste de directeur général des Archives nationales», avait souligné le chef de l'Etat. L'Algérie et la France ont décidé de lancer le chantier de la question de la mémoire. Un long chemin qui doit être débroussaillé pour aboutir à l'apaisement. Une mission qui a été confiée, côté français, à l'historien Benjamin Stora. Emmanuel Macron a reçu (le 24 juillet dernier, Ndlr) l'historien Benjamin Stora et lui a confié une mission sur «la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie», en vue de favoriser «la réconciliation entre les peuples français et algérien», avait annoncé l'Elysée. Elle «permettra de dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, ainsi que du regard porté sur ces enjeux de part et d'autre de la Méditerranée», avait expliqué la Présidence française. La désignation par le président Macron de l'historien Benjamin Stora s'inscrit dans le cadre «de la facilitation des choses en vue de sortir de la crispation politique et de l'exploitation politicienne» avait soutenu Abdelmadjid Tebboune. «Avec le président Emmanuel Macron, nous devons, sans aucune animosité, sans haine et dans le respect le plus total des deux Etats, affronter le problème de la Mémoire qui hypothèque beaucoup de choses dans les relations entre les deux pays», a indiqué le chef de l'Etat dans un entretien exclusif accordé le 4 juillet, à la veille de la célébration du 58ème anniversaire de l'indépendance du pays, à la chaîne TV publique française France 24. La toute récente sortie médiatique de Abdelmadjid Chikhi s'inscrit dans cet état d'esprit.