Pour Laïdouni, le nombre de personnes en détention provisoire n'est pas aussi alarmant. «Le Conseil supérieur de la magistrature est la seule instance habilitée à contrôler le travail des magistrats», affirme le président du syndicat national des magistrats, M.Djamel Laidouni, qui était l'invité hier du forum d'El Moudjahid. En tant que magistrat, le président se réserve le droit de répondre à l'attitude du Royaume-Uni, concernant l'affaire de l'extradition des terroristes. Il considère que les conditions posées par Londres sont tout simplement une ingérence dans les affaires internes du pays. «Je crois que nous avons une souveraineté nationale», s'exclame-t-il pour relever une nouvelle fois le principe du respect de la souveraineté entre les pays. Voulant prendre la défense de sa corporation, il dira que les magistrats algériens sont très compétents en matière de droit et d'application des jugements. Reconduit récemment à la tête du syndicat, le président s'est également exprimé sur plusieurs questions qui marquent l'actualité nationale. Abordant justement les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le conférencier n'a pas émis de critique. «Les textes sont indiscutables puisque le peuple a mandaté le président de la République pour prendre toute action en mesure de rétablir la paix dans le pays», dit-il en soulignant que le rôle des magistrats est de veiller à l'application concrète des textes sur le terrain. Interpellé sur les journalistes incarcérés, le président s'est contenté de dire: «En matière de diffamation, aucun journaliste n'est en prison». Ce dernier pense que la presse en Algérie subit moins de pressions comparativement à d'autres pays arabes. Pour lui, la plupart des journalistes sont en détention provisoire. Enchaînant dans ce sens, le magistrat estime que le nombre de personnes en détention provisoire n'est pas aussi alarmant qu'on le croyait. Preuve en est, argumente-t-il, elle représente 11% du nombre global des prisonniers, soit 4000 à 5000 des 50.000 détenus à l'échelle nationale. Par ailleurs, le président a présenté une synthèse des recommandations qui ont sanctionné les travaux de l'Assemblée nationale tenue le week-end dernier à Alger. Ces recommandations portent essentiellement sur l'amélioration des conditions socio-professionnelles des magistrats entre autres l'augmentation des salaires et le droit à la retraite après 25 ans de service effectif. L'assemblée générale a également axé sur la nécessité de l'installation d'un bureau permanent du Conseil supérieur de la magistrature et le renforcement des cours administratives à travers le pays. Ceci, explique-t-il, va aider à réduire la pression sur les tribunaux. Le plus grand problème que rencontre actuellement le magistrat, affirme le président, est l'accumulation des dossiers à traiter. Concernant toujours les règles régissant l'éthique de la profession, le président a fait savoir qu'un mémorandum est en cours d'élaboration. De plus, et dans le souci de moderniser et de renforcer le cadre pénal, le président annonce qu'un programme spécial de formation des magistrats est prévu en collaboration avec des magistrats américains. «Nous voulons renforcer le code pénal en matière de crime organisé, de diffamation et de piratage», dira le président avant de conclure.