La Wilaya IV historique a pris des initiatives considérables. «Notre seul objectif est l'écriture de l'histoire. L'espoir d'étendre cette initiative aux autres wilayas est grand. Comme nous souhaitons que la mémoire de la Wilaya IV soit reconsidérée à l'image de ce qu'elle a représenté», a indiqué hier le colonel Hassan, dans son allocution d'ouverture du congrès constitutif du Mémorial de la fondation de la Wilaya IV. Youcef Khattib, alias colonel Hassan, marque le ton. Devant une assistance constituée d'anciens moudjahidine de la Wilaya IV et des invités de différents partis politiques, il place les assises sous le slogan «Ceux qui ont fait l'histoire insistent sur son écriture». Il s'agit en fait d'un serment fait aux martyrs de la Révolution. Ceux qui ont survécu à la guerre sont appelés aujourd'hui à restituer la mémoire collective, par leur témoignage qui sera l'unique garant de la continuité. Tel est le message que véhicule le Mémorial de la Wilaya IV. La parole a été donnée aux représentants des autres wilayas. Bessous Saâda de la Wilaya III, qui était lieutenant, estime qu'il y avait une grande coordination entre les deux wilayas, en raison de leur proximité, si ce n'est de l'interférence. Il révèle que «la dernière arme est parvenue au maquis le 15 mai 1957. Depuis, aucune balle n'a été envoyée par l'extérieur». Il souligne que Si Salah -qui avait rencontré De Gaulle à l'Elysée- est mort «les armes à la main et qu'il ne s'était pas rendu». Amid, de la Wilaya V se rappelle du départ des Français de Mers El Kébir. «Nous assistions à leur embarquement dans des chalutiers pour un certain nombre avec les larmes aux yeux parce que nous nous sommes souvenus de tous ceux qui avaient combattu la France avant nous et qui ne l'ont pas vue partir. Nous pensions à l'émir Abdelkader, à Didouche, à Ben M'hidi, à Hassiba et tous ceux qui sont morts sans vivre l'indépendance». Boualem Nekal du Malg reconnaît aux «3B» leur rôle primordial dans la lutte. Il se souvient de Rachid Casa, de Benaâla qui ont constitué le premier noyau puis Boussouf qui fut le véritable créateur du Malg. «Il avait formé 850 hommes dont 80 dans le chiffre. Quand Chabou et Hoffman nous avaient rendu visite ils étaient sidérés car on avait installé un réseau radio à travers l'ensemble des wilayas. Nous avions acquis, par différents moyens, du matériel de l'Otan qui était très sophistiqué et que n'avaient ni le Maroc ni la Tunisie. Notre mission principale était l'action psychologique. C'était là notre point fort...». Il révèle qu'ils ont formé des hommes grenouilles qui ont participé à la guerre du canal de Suez. Mais il rejoint celui de la Wilaya V qui ne comprend pas pourquoi le 19 mars n'est pas classé fête nationale. Il considère lui aussi que l'indépendance a eu lieu le 3 juillet et non le 5 comme retenu dans le calendrier officiel. Guettache de la Fédération de France salue l'initiative de la Wilaya IV mais rappelle le rôle primordial de la Fédération en indiquant que «les premiers groupes de choc se sont constitués en France et que le général Giap était admiratif quand il avait dit que nous avions réussi à transposer la révolution chez l'ennemi. C'était notre prouesse». Mme Amirat relève que les intervenants parlent au masculin et «oublient souvent le rôle qu'a joué la femme dans la guerre, y compris dans les transmissions». Elle rappelle que son maître Cheikh El Okbi «ne faisait pas de différence entre les filles et les garçons». Hocine Aït Ahmed et Amar Saâdani, président de l'APN, ont envoyé des lettres aux congressistes. Aït Ahmed souligne : «Je souhaite que d'autres wilayas, sur l'ensemble du territoire national, suivent l'exemple de la Wilaya IV historique pour contribuer à libérer les valeurs historiques et mémorielles de notre lutte de libération nationale contre lesquelles les décideurs continuent à mobiliser toutes les formes de privatisation, d'amnésie et de falsification». Des représentants de la Palestine et de partis politiques comme El Islah, MSP et FLN ont pris la parole. Des familles de chahids tels Bougara, Bounaâma, Dehilès, Bouamrane, etc. ont été honorées à l'occasion. La journée d'aujourd'hui sera consacrée au travail organique et la clôture des travaux ainsi que l'élection du président de la Fondation. Le colonel Hassan, qui fut le dernier chef de la Wilaya, semble être le mieux indiqué pour présider la Fondation qui est aussi sa propre création.