D'aucuns pourraient légitimement se demander comment parvient-il à concilier les deux, tant il apparait que médecine et musique sont deux mondes extrêmement différents, mais ce n'est pas du tout ce que pense Mouloud Ounnoughene qui ne se limite d'ailleurs pas à «exercer» la passion de musicien. En effet, il écrit aussi des livres sur la musique. Il en est à son troisième ouvrage et c'est sûr qu'il ne s'arrêtera pas là tant ce domaine est riche et vaste. Quête d'un univers qui le passionne Le nouveau livre de Mouloud Ounnoughene est sorti dans leslibrairies samedi dernier et il porte le titre de: «Dialogue des cultures musicales, mythe ou réalité.» Mouloud Ounnoughene précise que dans ce livre, il a tenté de déconstruire certaines mélodies, constitutives d'oeuvres classiques occidentales pour voir dans quelle mesure se sont établies les influences des musiques de «l'ailleurs» fantasmé...Ounnoughene précise que certaines oeuvres musicales orientalistes paraissent édulcorées et déconnectées de la réalité alors que d'autres exhalent des relents de vie orientale qu'il est utile de déconstruire pour tenter d'observer dans quelle mesure le syncrétisme des différentes cultures musicales s'est opéré. Mouloud Ounnoughene rappelle que «noubas, maqamate, thèmes berbères ou mélodies folkloriques ont été utilisés dans différentes oeuvres de compositeurs de musique classique tels Camille Saint-Saëns, Félicien David, Nikolaï Rimski-Korsakov, Béla Bartók, Armas Launis, Gustave Holst, etc.» Mouloud Ounnoughene ajoute en indiquant que le compositeur ignore souvent ce qui est en amont de la mélodie, recueillie du site ethnographique: «les apports du siècle, les influences, le reflet de la vie sociale, les flux et reflux de la vie intérieure et la domination coloniale sont autant d'éléments qui peuvent représenter un filtre qui altérerait l'altérité de l'oeuvre». Mouloud Ounnoughene continue ainsi sa quête académique d'un univers qui le passionne plus que tout dans ce troisième ouvrage. Après avoir décortiqué, dans son premier livre, l'influence de la musique sur le comportement humain, Mouloud Ounnoughene a consacré un livre au grand compositeur algérien de musique universelle et également moderne, voire de films, malheureusement méconnu chez nous, Mohamed Iguerbouchen. L'ouvrage est intitulé: «Mohamed Iguerbouchen, une oeuvre intemporelle». Musiques du monde et la science Il faut rappeler en outre que Mouloud Ounnoughene est neurochirurgien, musicien et ancien producteur et animateur d'émissions radiophoniques sur les musiques du monde. Il a édité avec son groupe Massin's un album de fusions musicales intitulé «Azetta». La célèbre chanteuse kabyle Malika Domrane a travaillé sur scène avec Mouloud Ounnoughene qui a été son ancien musicien pianiste avec lequel elle a donné plusieurs concerts. «Mon coup de coeur, c'est son livre sur Iguerbouchene. En effet, Mohamed Iguerbouchène est un compositeur et interprète (pianiste) d'exception. C'est le père du métissage musical en Algérie, il a synthétisé, voire assimilé, différentes cultures musicales: nord-africaine, européenne, orientale et africaine. Premier compositeur algérien de musiques de films, il cosigne avec Vincent Scotto la bande-son du film Pépé le Moko (en 1936) avec Jean Gabin», rappelle Malika Domrane qui conseille en outre la lecture du nouveau livre de Mouloud Ounnoughene qui porte sur le dialogue des cultures musicales. Un conseil à suivre, venant de Malika Domrane, une artiste exceptionnelle ayant marqué son temps et plusieurs générations de mélomanes.