La phrase glissée par le général Stephen Townsend, commandant de l'Africom, lors de sa dernière visite, il y a quelques jours à Alger, résonne encore dans les oreilles des analystes qui y décèlent une reconnaissance venant de l'hyperpuissance américaine pour l'armée algérienne. «L'Algérie est un partenaire fiable et très fort, et si je suis ici c'est que nous sommes convaincus que l'Algérie peut jouer un rôle très important pour assurer la sécurité et la paix dans toute la région», a déclaré le général américain signifiant ainsi que l'Algérie est une puissance qui compte dans la résolution des conflits régionaux comme celui de la Libye et du Mali. «La sécurité en Libye et au Mali ne peut en aucun cas être dissociée et relève impérativement de la sécurité des frontières de l'Algérie», confient des sources très bien informées d'où cette alerte en ininterrompu sur toute la bande frontalière avec ces deux pays. En dehors des efforts diplomatiques initiés par l'Algérie, le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire maintient grâce à ses troupes une pression sur les groupes terroristes et criminels dans la région. Cela, en dressant, notamment un dispositif préventif pour freiner l'évolution de ces groupes terroristes de plus en plus nombreux. Ils ont, d'ailleurs, fait montre d'une agressivité et une menace dans toute la région à travers les filiales de l'organisation criminelle Daesh. Celle-ci dirigée par un certain Saïd al-Mawla depuis octobre 2019, après la neutralisation d'El Baghdadi par un commando américain. Selon nos sources, elle dispose de plus d'une vingtaine de filiales dans le monde dont les plus actives sont actuellement en Libye et au Mali. Même si la branche libyenne de Daesh a perdu son assise territoriale après des combats acharnés avec les milices prétendues loyales au gouvernement, celle-ci demeure une sérieuse menace autant que celle qui s'est installée au Mali. L'Algérie fait donc face à deux foyers de tension à ses frontières et est contrainte dans ce cas de redoubler d'efforts pour trouver une stratégie conséquente à la hauteur de la menace. Le Haut Commandement de l'armée a pris toutes les mesures pour protéger ses frontières et l'armée est ainsi mise en ordre de bataille. Des mesures qui s'adaptent à toutes les situations et la conjoncture actuelle. Dans son plan, l'armée a pris des précautions pour empêcher d'éventuelles infiltrations d'éléments armés, notamment avec l'arrivée de centaines de mercenaires de l'organisation criminelle Daesh. La rencontre de dirigeants du commandement américain pour l'Afrique et le Haut Commandement de l'ANP peut être considérée comme un rapprochement de vision dans ce cadre où lors de la visite du général Stephen Townsend, commandant d'Africom, il ne manquera pas de souligner à ce propos: «Nous avons beaucoup à apprendre et à partager les uns avec les autres. Renforcer cette relation est très important pour nous.» Il a été question d'aborder la situation dans la région avec le président de la République, chef suprême des armées qui a appelé à un «renforcement des relations bilatérales et l'entraide dans des domaines de préoccupation communs, notamment la stabilité régionale et la nécessité d'affaiblir l'influence des organisations extrémistes violentes, telles que les groupes affiliés d'Al-Qaïda». Le patron de l'Africom a ajouté que «l'Algérie est un partenaire engagé dans la lutte contre le terrorisme. Affaiblir les organisations extrémistes violentes, les activités malveillantes et renforcer la stabilité régionale est une nécessité mutuelle». Le président Tebboune et le général Townsend ont également discuté de questions de sécurité régionale, y compris les troubles en cours en Libye et la crise au Mali. Avec le chef d'état-major de l'ANP le général de corps d'armée Saïd Changriha, le général Townsend a abordé l'état de la coopération militaire entre les deux pays, et ont échangé les analyses et points de vue sur les questions d'intérêt commun. Le chef d'état-major souligne à l'égard de son invité que «l'Algérie a combattu toute seule, pendant des années le terrorisme sans l'aide d'aucune partie étrangère». Aujourd'hui encore l'Algérie est capable et en mesure d'affronter toutes les menaces.