Le président Bouteflika est attendu aujourd'hui pour donner le coup d'envoi du colloque. «Il n'est plus possible de réduire nos rapports exclusivement à l'économie du marché. Notre développement dépend à la fois de l'économie, de l'histoire, de la sociologie, de l'éducation et de la culture », indique le président du Haut conseil islamique (HCI), Chikh Bouamrane, en guise de présentation du colloque qui se tient aujourd'hui à Alger sous le thème Ethique de l'Islam et économie de marché. Le président Bouteflika est attendu ce matin pour donner le coup d'envoi de cette rencontre qui regroupe des sommités du monde musulman dont cheikh El Qardaoui. Le président du HCI relève que cette rencontre est destinée à la consommation interne. L'objectif n'est pas de donner des leçons à l'Occident qui ne lui seront d'ailleurs d'aucune utilité. Mais il est question de véhiculer un certain message qui consiste à dire à ce même Occident que «les forces spirituelles ont le devoir de réagir; c'est la raison d'être du colloque international organisé par le HCI cette année. Il a pour but d'éclairer l'opinion et les responsables sur les conséquences néfastes d'un tel système où l'économie cherche à tout diriger, en s'appuyant sur le profit et le culte de l'argent, sans égard pour l'éthique qui a pour rôle d'humaniser l'économie pour rétablir la justice et l'entraide entre les citoyens d'un même pays comme entre les nations et les Etats». «C'est pourquoi l'éthique de l'Islam doit jouer un rôle important dans l'économie moderne pour en combattre les déficiences comme la corruption, l'usure, le vol, la fraude, etc. mettant l'accent sur la solidarité et l'effort commun pour vaincre la misère et l'injustice dans le monde». L'approche ne diffère pas beaucoup de celle des altermondialistes qui s'insurgent un peu partout dans le monde contre cette hydre qu'est la mondialisation. Mais la nature du combat diffère. Bouamrane estime que sa politique s'appuie sur la « persuasion » et la «sensibilisation» parce qu'il y a d'une part les lois positives qui régissent le monde de l'économie et les valeurs spirituelles, d'une autre part ; un aspect qui doit échapper aux altermondialistes dans leur lutte farouche contre le NOM. Mais «à chacun son métier et les vaches seront bien gardées», lâche-t-il avec bonhomie. Le HCI n'a pas l'intention de s'ingérer dans les affaires politiques. Il insiste sur la séparation des pouvoirs dans son allocution introductive au colloque. Le fait saillant du débat a trait à l'usure qui est illicite en terre d'Islam. Elle ne résume pas à elle seule tout le débat. Il est question de mettre l'accent sur le rôle de la zakat qui sert à réduire les écarts entre les riches et les pauvres. Il rappelle à ce titre que la dîme existait au Moyen-Age en Europe. Mais la zakat ne constitue pas une politique. L'économie en Islam a un visage humain. La justice sociale telle que prônée par les syndicats et les ONG humanitaires a été délaissée au profit des multinationales depuis la chute du mur de Berlin. Le Sud s'inscrit dès à présent dans un combat nouveau. Un combat acharné qui sera long et pénible. Bouamarane avoue que le monde musulman dispose de moyens conséquents pour mener à terme son combat mais n'a pas les aptitudes requises. Il fait allusion au Japon qui n'a pas les moyens matériels mais dispose de potentialités humaines de haut niveau. C'est peut-être l'un des objectifs que veut effleurer ce colloque sans pouvoir lui donner le nom qui convient.