Les candidats à la présidentielle ont adopté des stratégies qui se ressemblent pour affronter et le chômage et la crise financière mondiale. «Si les gens pensent que nous ne sommes pas affectés par la crise financière mondiale, c'est du rêve, car on est bel et bien touché», avait averti le professeur, expert et consultant international, Abdel Attou, lors d'une conférence sur «l'effondrement des marchés financiers mondiaux et leur impact possible sur l'économie de l'Algérie et ses finances», tenue dernièrement au sein de l'APN. Les dernières données de l'Office national des statistiques (ONS) estiment à 13,8%, soit 1.374.000 personnes, la population active en chômage ou population active à la recherche d'un emploi. Peut-on dissocier la crise financière du chômage? Si la crise perdure, le taux de chômage prendra une courbe ascendante avec la fermeture des entreprises touchées et la mise au chômage des travailleurs y exerçant. C'est dans cette conjoncture qu'intervient l'élection présidentielle du 9 avril prochain. Mais les candidats ont-ils adopté, dans leurs programmes électoraux, des stratégies pour faire face à cette crise et stopper ainsi l'ascension du taux de chômage, sinon de le réduire? Si l'on excepte la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) dont le parti a adopté un plan strictement socialiste qui s'oppose à toute ouverture du marché national sur l'étranger, l'ensemble des autres candidats offre pratiquement les mêmes options avec presque les mêmes horizons. Les re-nationalisations de Louisa Hanoune Le Parti des travailleurs (PT) plaide dans son programme pour un système entièrement socialiste. Pour faire face à la crise financière mondiale et protéger l'économie nationale, Mme Hanoune se dit contre l'intégration de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à la Zone arabe de libre-échange (Zale). Elle pose à chaque fois des conditions contraignantes pour l'intégration de l'Algérie dans les organisations internationales, y compris politiques. Pour réduire le chômage, le PT suggère des solutions qui, selon elle, mettent en sécurité l'Algérie et les Algériens. Son programme propose ainsi l'arrêt pur et simple des privatisations, la réouverture des entreprises fermées, la (re) nationalisation des grandes entreprises nationales dont le capital est ouvert à des entreprises étrangères, la récupération de l'argent placé dans des banques étrangères et son investissement dans différents secteurs d'activité à l'intérieur du pays, etc. Pour la justesse de son programme, Mme Hanoune en veut pour preuve les derniers «rectificatifs» apportés par le gouvernement à certaines options. Les pépinières de Djahid Younsi Le candidat islamiste, représentant du mouvement El Islah, Djahid Younsi, opte pour une stratégie qui s'oppose diamétralement à celle du Parti des travailleurs. Il estime que la promotion de l'investissement national et étranger qui doit passer par le règlement définitif du problème du foncier industriel est une condition sine qua non pour relancer l'économie nationale. Pour y parvenir, ce prétendant à la magistrature suprême a axé son programme sur l'encouragement de l'investissement national en levant toutes les entraves qui l'obstruent. Cela est faisable, selon lui, en donnant aux jeunes les occasions de s'affirmer et participer à la construction de l'économie nationale. Pour ce faire, ce candidat préconise la création de pépinières de petites et moyennes entreprises et les petites et moyennes industries (PME/PMI) dont les promoteurs bénéficieront de crédits sans intérêt. Ainsi, pour lui, faire face à la crise financière et combattre le chômage passe par la libération de l'économie algérienne qui est quasi exclusivement fondée sur l'exploitation des hydrocarbures. La réforme technologique de Mohamed Saïd Pour le candidat indépendant, M.Mohamed Saïd, le chômage n'est pas une fatalité. Dans une interview accordée à L'Expression, ce candidat s'est dit pour une politique claire de gestion du chômage et de promotion de l'emploi qui est à même de résorber ce fait qui touche de plein fouet la frange juvénile algérienne. Il s'agit selon lui de gérer rationnellement les secteurs du bâtiment, des travaux publics, de la pêche et de l'agriculture. Pour la crise financière, le programme électoral de Mohamed Saïd préconise le renforcement du secteur public par une mise à niveau technologique de notre outil de production national. Il est question également, selon sa stratégie, de transcender la crise avec la gestion transparente des finances publiques ainsi que d'aider le secteur privé à être plus performant en lui octroyant des facilités financières et juridiques. Mohamed Saïd n'est, par ailleurs, pas contre l'investissement étranger. Il est, en revanche, pour un investissement étranger rationnel qui rapporte une plus-value en matière de nouvelles technologies et de savoir-faire. La liberté des capitaux doit, selon lui, être assurée par l'Etat. La planification de Moussa Touati Pour sécuriser l'économie algérienne des «agressions étrangères», le président du Front national algérien (FNA), M Moussa Touati, accorde une importance très particulière au secteur de l'agriculture. C'est sur ce chapitre que son programme électoral est édifié pour, d'une part, faire face à la crise financière mondiale et d'autre part limiter le chômage en créant des emplois dans ce secteur porteur. Ainsi, M.Touati est pour la valorisation des terres algériennes qui sont capables de nous assurer une autosuffisance alimentaire. Aussi, selon sa stratégie, l'économie nationale doit être bâtie sur l'encouragement des secteurs de production nationale en intégrant les réseaux de PME dans le tissu «de l'économie lourde» qui relèvera de la responsabilité de l'Etat. Le président du FNA est également pour la mise en place de la planification qui doit faire l'objet d'attention des pouvoirs publics. Concernant l'investissement étranger, ce candidat pose des conditions qui protègent l'intérêt national, tout en se méfiant de certaines multinationales en faillite et qui profitent des richesses nationales. L'orientation économique de Bouteflika Contrairement à la logique trotskiste de Louisa Hanoune et le «rupturisme» de Djahid Younsi, le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika prône la poursuite des réformes en tant qu'axe fondamental de son orientation économique pour les cinq prochaines années. Cette politique passe, pour le prochain quinquennat, par la construction d'une économie diversifiée qui sera une source de revenus hors hydrocarbures. La résorption des déficits sociaux tel le chômage, constitue la pierre angulaire de son troisième mandat. Ce candidat s'est même engagé à créer trois millions d'emplois au cours des cinq prochaines années. Pour faire face à la crise financière, Bouteflika a promis de débloquer 150 milliards de dollars pour continuer le programme qu'il a débuté il y a dix années. L'autosatisfaction de Ali Fawzi Rebaïne Pour le président de AHD 54, M.Ali Fawzi Rebaïne, les solutions pour le chômage et la crise financière mondiale ne sont pas aussi compliquées qu'on ne le pense. Son programme électoral s'axe sur «l'éradication» du chômage, de la corruption et de la crise du logement. Pour transcender les effets de la crise financière, ce candidat donne la priorité au secteur agricole qui est le seul secteur à même de réaliser l'autosatisfaction et sortir ainsi l'Algérie de sa dépendance vis-à-vis des pays étrangers. Ce secteur sera, selon son programme, promu et les investisseurs, notamment dans les cultures maraîchères et autres, seront encouragés.