Il ne s'agit pas de tomber dans la complaisance qui consiste à maquiller les chiffres. Est-il aisé de réaliser des études et des analyses dans un pays où la rétention de l'information est considérée comme un sport national? Pour faire son travail de prospective et de prospection, en effet, le Cnes a besoin de s 'appuyer sur les statistiques et les données chiffrées qui lui sont communiquées par les autres institutions de l'Etat, les bureaux d'études, les centres de recherche, les départements ministériels. Certains secteurs, comme celui de l'éducation ou de la santé, élaborent leurs propres statistiques. Pour M.Babès, la réponse à cette question est simple: «Dès lors qu'une institution, chargée de produire des statistiques fiables, ne le fait pas au regard de la méthodologie et des outils requis, nous disons: «Halte! Il y a malfaçon!» En d'autres termes, le Cnes, qui a ses propres missions, et qui n'est pas habilité à se substituer aux autres institutions, est en mesure de leur «tenir la bride au cou», en les faisant passer sous les fourches caudines des protocoles de calcul reconnus internationalement. «Ce que nous faisons, nous le faisons en partenariat avec les autres institutions, qu'elles soient nationales ou internationales, et nous faisons appel aux experts et aux diverses compétences. On a besoin ensuite d'avoir la caution de l'expertise internationale.» Le Cnes, n'étant ni un bureau d'études ni un ONS bis, s'arrange pour travailler dans la transparence la plus totale, en s'appuyant sur les standards et protocoles de calcul irréfutables, et en acculant les autres acteurs à ne pas échapper à l'analyse ni à se réfugier dans les faux-fuyants. «J'ai même parlé de monter une boîte à outils», précise M.Babès. Pour que tout le monde travaille selon les mêmes critères et les mêmes méthodes. Car il ne s'agit pas de tomber dans la complaisance qui consiste à maquiller les chiffres pour être bien classé à l'échelle internationale, mais de refléter la réalité sociale et économique de l'Algérie. C'est la seule manière pour proposer les remèdes qui permettront d'apporter les correctifs nécessaires. Adopter l'attitude contraire, qui consiste à dire «cachez-moi ce sein que je ne saurai voir», est le plus mauvais service qu'on rendrait à ce pays. Indépendance, crédibilité, transparence, rigueur, tels sont les maîtres mots du Cnes qui voudrait mettre en conformité ses méthodes et ses outils d'analyse avec ce qui se fait de mieux au niveau international, notamment à l'Ocde. Tout cela se fait dans le souci de ne jamais se dessaisir de la réflexion en tant que telle, de rester en état de veille pour analyser en permanence l'action des pouvoirs publics. Deux autres chantiers sont à l'ordre du jour du Cnes: 1° les sorties sur le terrain, pour rester à l'écoute des différents secteurs et régions du pays et 2° l'édition électronique des analyses et des documents produits, depuis la création du Cnes en 1994, pour les mettre à la portée des citoyens, des institutions, des chercheurs, des élus, des opérateurs économiques, des enseignements, voire du «citoyen lambda», où qu'ils soient. Cette exigence de rigueur et de transparence, basée sur les critères reconnus par les experts internationaux, a pour but de renforcer la crédibilité des documents analytiques et des rapports de conjoncture produits par le Cnes.