Pour lui, la convertibilité du dinar affecterait l'économie nationale. La santé financière de l'Algérie se renforce davantage. Les réserves de change ont atteint la coquette somme de 61 milliards de dollars à la fin février dernier. C'est ce qu'a déclaré hier le ministre délégué chargé de la Réforme financière, M.Karim Djoudi, qui était l'invité de l'émission «Question de l'heure» diffusée sur les ondes de la Chaîne III. Ce résultat record, jamais atteint auparavant, a été enregistré grâce à la flambée des prix du pétrole qui frôlent actuellement la barre des 60 dollars. Cette conjoncture constitue, en effet, une véritable aubaine pour l'Algérie et lui permettra de remplir ses caisses. Il faut rappeler que les réserves de change étaient estimées en décembre 2005 à 56 milliards de dollars, selon le ministre des Finances. Avec la flambée des prix du brut, il est fort attendu que les réserves franchiront la barre de 65 milliards de dollars avant la fin du premier semestre en cours. Cette embellie financière devrait, donc, permettre à l'Etat d'achever confortablement le programme de soutien à la relance économique. Même si cet indice est encourageant et à la fois rassurant sur l'avenir économique, le ministre délégué à la Réforme financière reste un peu réticent sur la question de la convertibilité du dinar. Interrogé sur ce point, M.Djoudi s'est montré très réaliste, en affirmant que «la convertibilité de la monnaie serait trop risquée pour l'économie algérienne». Cette déclaration traduit clairement l'avis du gouvernement sur la convertibilité du dinar. Contrairement à ce que pensent certains économistes, M.Djoudi ne veut pas précipiter les choses et pense qu'il est encore tôt de parler de la convertibilité du dinar. Pour la simple raison, argumente-t-il, que l'économie n'a pas encore atteint le stade de maturité. La croissance économique, poursuit-il, est tirée pratiquement par les hydrocarbures. Pour lui, même si les caisses de l'Etat sont pleines, il est déconseillé de s'aventurer dans une telle démarche qui ne pourrait être que néfaste pour l'économie nationale. Avant de procéder à la convertibilité du dinar, explique-t-il, le gouvernement doit prendre toutes ses précautions et s'assurer même de l'efficience des paramètres économiques. Le ministre affirme que ce n'est pas le moment de s'engager dans une telle action tant qu'on n'est pas arrivé à construire une économie diversifiée qui sera moins dépendante des hydrocarbures. Il préfère s'atteler à l'achèvement des programmes de réforme et de relance économique pour ensuite penser à la convertibilité du dinar. Parlant justement du processus de réforme financière qui tarde à voir le jour, le premier responsable chargé du dossier a donné un bref point de la situation. Le processus avance à un bon rythme, estime M.Djoudi qui rappelle que l'opération est complexe, histoire de justifier le retard accusé. Certes, il y a des lenteurs dans l'octroi des crédits, reconnaît -il, les banques commencent à jouer le jeu. La preuve que le taux de croissance des crédits a évolué de 15% en 2005 par rapport à 2004 avec plus de 1700 milliards de dinars de crédits octroyés. Pour la généralisation de l'utilisation du chèque, le ministre assure que toutes les procédures sont en cours pour la réaliser dans les délais prévus. Citant les actions réalisées, le ministre annonce que «le système de paiement de masse démarrera dans les jours à venir». De même, poursuit-il, de grands changements ont été opérés au niveau de l'ensemble des banques en vue de les préparer au nouvel environnement. En matière de ressources humaines, 1200 banquiers ont été formés dans les nouveaux métiers sur les crédits hypothécaires, la titrisation et les transferts de capitaux. Abordant le projet d'interconnexion des banques, le ministre dira qu'il se fera en parallèle avec le projet de modernisation du système de paiement. Concernant l'opération de privatisation des banques, entre autres le CPA, l'invité de la Chaîne III a fait savoir que l'opération est en phase d'évaluation et le marché sera attribué avant fin 2006. «Il y a un très grand intérêt pour le CPA exprimé par les grandes banques internationales, dont des banques européennes», constate le ministre sans souffler mot sur le nom des banques intéressées. Après le CPA, son département s'attaquera directement à la privatisation de la BDL. A la question de savoir si d'autres banques sont également prévues, le ministre dira que toutes les banques sont privatisables, mais le gouvernement compte, selon lui, garder quelques-unes. Au sujet de la liquidation successive des banques privées, le ministre a tenu à rassurer que cette action n'aura aucun impact sur la venue des opérateurs étrangers. Bien au contraire, dit-il, cela rassure les opérateurs étrangers sur la situation du marché en Algérie.