En plus de désorganiser l'élection présidentielle américaine, le Covid est devenu un des sujets centraux de cette campagne, la gestion de la pandémie et de ses conséquences économiques cristallisant les divisions entre républicains et démocrates. Au printemps, la pandémie prive Joe Biden du contact direct avec les électeurs. Confiné début mars et pendant deux mois chez lui dans le Delaware, il n'organise aucun meeting et fait du respect des gestes barrières un des marqueurs de sa campagne. Le 20 juin, le président Trump veut relancer sa campagne avec un grand meeting à Tulsa (Oklahoma). Ce premier rassemblement politique depuis le début de la pandémie dans une salle fermée est vivement critiqué. La découverte le matin-même de six cas positifs dans l'équipe organisatrice ne remet rien en cause. Et si la température des participants est prise et des masques distribués, l'écrasante majorité du public y assiste à visage découvert. Deux semaines plus tard, le nombre de cas de Covid-19 s'envole dans la ville. Le 20 août, la convention démocrate programmée à l'origine à Milwaukee (Wisconsin) se réduit à une émission de deux heures sans les applaudissements des milliers de participants traditionnels. Seul moment plus convivial: Joe Biden et sa colistière Kamala Harris acceptent leur nomination en direct de Wilmington (Delaware). Le 25 août, soucieux de se démarquer de son adversaire, Donald Trump inaugure en personne la convention républicaine à Charlotte (Caroline du Nord). Mais à l'exception de cette première journée, le républicain a dû lui aussi se résoudre à un format largement virtuel, après avoir longtemps défendu une grande convention festive. «La première responsabilité d'un président est de protéger le peuple américain et il ne le fait pas», assène Joe Biden. Sa gestion du virus le «disqualifie totalement».Le président a toujours minimisé en public la gravité de la pandémie. Son gouvernement a stoppé un plan de distribution générale de masques et contraint les autorités sanitaires à édulcorer leurs consignes pour encourager le retour à la normale. «Cela n'affecte presque personne», martèle Donald Trump. «C'est en train de disparaître. Et cela disparaîtra encore plus vite avec les vaccins», qu'il promet avant l'élection. Le coronavirus, qui a laminé une économie jusque-là florissante, prive aussi Donald Trump de son principal argument électoral. Le pays, officiellement en récession, est passé en neuf mois du plein emploi à un taux de chômage de 7,9% en septembre, avec un pic de 14,7% en avril. Au total, 12,6 millions de personnes sont au chômage, tandis que le Congrès ne parvient pas à s'entendre sur un quatrième plan d'aide. Le président annonce le 1er octobre être positif au coronavirus. De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump appelle les Américains à ne pas laisser le virus les «dominer». Se disant immunisé, toujours réticent à porter un masque, il reprend ses voyages à un rythme effréné. Le 15 octobre, le virus provoque l'annulation du deuxième débat entre les deux candidats, remplacé par des séances de questions-réponses sur deux chaînes concurrentes. «Que fait-il (contre le virus)? Rien», l'accuse Joe Biden, qui dira quelques jours plus tard préférer «la science à la fiction». Réponse des électeurs américains demain.