Les visites à Alger des ministres français se suivent, mais ne se ressemblent pas. Programmée pour le 25 octobre dernier, la visite du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin aura lieu, en fin de compte, vers la «fin de la semaine» en cours. Si la dernière visite en Algérie du chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian avait trait aux relations stratégiques entre les deux pays, celle que doit effectuer Gérald Darmanin, afin d'aborder le question de la lutte conre le terrorisme et le renvoi d'étrangers «radicalisés», revêt un caractère typiquement opérationnel, d'autant qu'elle intervient dans un contexte particulier marqué par l'assassinat «islamiste» de Samuel Paty, enseignant d'histoire en région parisienne et de l'attentat de Nice. D'ailleurs, le ministre français de l'Intérieur a précisé qu'à l'occasion de son déplacement en Algérie et en Tunisie, il discutera avec ses homologues pour échanger davantage d'informations et se mettre d'accord «sur le renvoi d'un certain nombre de personnes qui appartiennent à ces pays, puisqu'ils ont la nationalité de ces pays et qu'ils sont confondus de radicalisation dans notre pays». Une visite intervenant alors que le principal suspect de l'attaque de Nice ayant fait trois morts dans une église le 29 octobre dernier est un Tunisien de 21 ans arrivé clandestinement par l'île italienne de Lampedusa. En outre, la question de l'expulsion des mineurs isolés en France, mais aussi des personnes fichées pour radicalisation à caractère terroriste, ainsi que celles inhérentes à la coopération sécuritaire et plus spécialement en matière d'échange de renseignements, celles relatives à la criminalité transnationale, à l'immigration illégale ou encore à la pratique du culte musulman en France, seront certainement à l'ordre du jour des discussions bilatérales. À l'occasion de la première présentation mensuelle des chiffres de l'activité des forces de l'ordre, mardi 13 octobre dernier, Gérald Darmanin a affirmé que ce sont 4111 étrangers qui sont inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (Fsprt), dont 851 immigrés clandestins. Sur ces derniers, 661 font déjà l'objet de mesures d'éloignement, mais seules 428 «expulsions du territoire national ont été effectuées», a énuméré Gérald Darmanin. Concernant les mineurs étrangers isolés au nombre de 16 000, selon les chiffres officiels français, Gérald Darmanin avait déclaré, le 29 septembre devant l'Assemblée nationale, qu'«il y a aujourd'hui un drame, celui des mineurs migrants isolés, notamment venant de l'Algérie et du Maroc, mais aussi de la Tchétchénie ou du Pakistan». Et d'ajouter que «la situation des mineurs isolés sera un des principaux axes devant être abordés lors des discussions avec mes homologues algériens et marocains». En somme, Gérald Darmanin, qui serait accompagné du patron de la Dgsi, aura à traiter de ces dossiers avec des interlocuteurs algériens auprès desquels il est certain de trouver des partenaires bien au fait des dossiers qui intéressent son domaine de compétence.