Durant la période des neiges, la région sombre inéluctablement dans un isolement indescriptible. Tout visiteur qui se rendra à la commune rurale de Zekri, dans la Kabylie profonde, sera incontestablement saisi par l'état lamentable de l'unique route desservant cette division territoriale. Et pour cause, ce tronçon routier qui laisse à désirer ressemble beaucoup plus à une piste agricole qu'à autre chose. Les nids-de-poule et ruisselets prolifèrent considérablement au point même d'atteindre des proportions alarmantes, puisque la chaussée est devenue impraticable. Cet état de fait constitue un véritable cauchemar pour les automobilistes qui s'aventurent à emprunter cette route surtout en période hivernale où des flaques d'eau se forment continuellement et ce, avec de multiples affaissements des terres qui se déversent sur la chaussée, obstruant parfois même la circulation. Par ailleurs, il convient aussi de noter que, durant la période des neiges, la région sombre inéluctablement dans un isolement indescriptible. Il n'est pas vain aussi de souligner que le calvaire des habitants de Zekri ne s'arrête absolument pas à ce stade étant donné que cette commune demeure parmi les plus déshéritées de la wilaya de Tizi Ouzou. Il n'y a pratiquement ni industrie ni agriculture en mesure d'absorber le taux de chômage galopant qui ronge particulièrement la masse juvénile, cette frange très sensible de la société. En effet, les jeunes sont dépourvus de toute infrastructure susceptible de les accueillir et les sensibiliser. Le mouvement associatif, lui aussi, fait cruellement défaut dans cette contrée laissée pour compte depuis la nuit des temps. Ainsi, devant cette situation de plus en plus intenable, les jeunes de cette localité ne rêvent ni de théâtre, encore moins de cinéma, car il n'y a aucun centre de loisir ni d'occupation à même de permettre aux amateurs des arts de mettre à profit leur talent. Ainsi, si dans d'autres cieux plus cléments, les jeunes s'adonnent à coeur joie aux différentes disciplines sportives, à Zekri, par contre, le football, cette pratique populaire, n'est pas du tout roi, car la commune est démunie de stade municipal. Par ailleurs, dans le chapi-tre transport, les citoyens de ce patelin de 5000 âmes environ, subissent quotidiennement le cruel destin pour un simple déplacement. En effet, pour un trajet de 11 kilomètres, soit de Zekri à Yakouren, le citoyen est tenu de débourser pas moins de 500 DA car, faute de fourgons de transport de voyageurs, il est contraint de recourir à la location d'un taxi. En somme, les habitants de cette municipalité, ne savent plus à quel saint se vouer pour venir à bout de leurs souffrances qui ne cessent malheureusement de perdurer. Enfin, la vie n'est pas une sinécure à Zekri d'autant plus que la région est à proximité de la forêt de Bouamane qui s'étend jusqu'à l'Akfadou. Durant le début des années 1990 et avec l'avènement du terrorisme, la population a subi des moments de terreur autant que ses voisins d'Aït Chaffa. L'on se rappelle, d'ailleurs, de l'accrochage d'Igoujdal entre les citoyens et les hordes intégristes en 1994.